LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Hélène Lobé, l’auteur de « Le Voile de Doux Leurre » vient de publier un second roman, Au-delà de Tourments. A l’occasion de cet événement littéraire, nous avons rencontré l’auteur pour ensemble évoquer son œuvre. Avec une grande économie de mots qui frise la timidité, l’écrivaine a bien voulu répondre à nos préoccupations. Une interview on ne peut plus sympathique !

Si on vous demandait de vous présenter, que répondriez-vous ?

Je m’appelle Hélène Lobé; je suis une native  du centre du pays. J'ai fait l'Ecole Normale Supérieure et la Faculté des Lettres devenue aujourd'hui l'UFR/LLC. Puis un détour par la communication clôturé par un DESS. Je m'essaie à l'écriture depuis ma première œuvre "Le voile de Doux Leurre". "Au delà des Tourments", la seconde vient de paraître chez Cercles Editions.  Je profite d'ailleurs de cette tribune pour remercier Inès Kouakou l'éditrice et Foua Ernest de St Sauveur, d'avoir cru en moi.

Qu’est-ce qui a inspiré Au-delà des tourments votre ce roman ?

Un regard sur la blessure en amour, sur la souffrance qu’elle génère et le désir de rétablir l'équilibre dans les écrits. La souffrance, celle des hommes, cette fois-ci. En effet, contrairement à l'idée de macho que l'homme donne, il est fragile. Certes, il crée beaucoup de peines autour de lui, tant par ses actes que par ses manques mais il est capable de ressentir une très grande souffrance.

L’image sur la première de couverture est superbe…elle évoque à la fois la séduction et la tentation….Votre avis ?

(rires) Que celui à qui elle inspire le contraire se désigne! (Rires). C'est la femme dans toute sa sensualité, dans toute sa beauté ...exaltée. Elle est belle n'est-ce pas? Oui ,la femme reste séduction. Ce beau regard levé est plutôt une note d'espérance, un regard "au-delà des tourments"; l'espoir de jours meilleurs pour les hommes comme pour les femmes. Car nul n’est à l’abri des tourments du cœur.

L’amour est encore au centre des vos préoccupations. Quel message voulez vous faire passer ?

Avec le cinéma et le théâtre, le roman est un exutoire et il n'y a rien de mieux que l'amour pour embellir la vie! Nul ne peut vivre pleinement sans aimer ou être aimé. En tous cas, ce serait difficile, je pense. Remarquez, l'amour est prééminent à la création du monde selon toutes les religions. L'amour c'est la vie!

Vos personnages semblent être abonnés aux tourments du cœur dus à la trahison et à la déception…l’amour est-ce un chemin de croix ?

Qui peut se prévaloir d'avoir connu une histoire d'amour sans soubresauts? Ces tourments sont peut-être les épices qui donnent à chaque relation amoureuse sa saveur et sa particularité. Je dirai donc que "l'amour chemin de croix" est plutôt un chemin d'espérance .Il n'y a pas que la trahison, la douleur et la déception. Survivre aux difficultés renforce l’amour et le fait grandir. Il ne faut jamais renoncer à aimer ou à être aimer.

Mais du point de vue professionnel, ils sont des privilégiés ; en plus d’une situation sociale intéressante, ils sont presque tous beaux. Ne sont ils pas trop idéalisés?

La misère humaine est bien trop souvent décrite ou aggravée. Dans "Au-delà  des Tourments" l'accent est mis sur la progression sociale. Tout lecteur peut s'y retrouver et se dire:"c'est possible d'y parvenir". Mon roman est  plutôt réaliste.

Nicodème Sabi, bien que rassuré de l’amour sans faille de Victoria, ne peut s’empêcher de succomber à la tentation symbolisée par Pauline Dipo…L’homme est-il un mâle naturellement charnel ?

Nicodème Sabi est un homme troublé, tourmenté...il a perdu ses repères ; certes, mais rappelons que l'homme-mâle  est un prédateur par essence. Il peut aimer mais reste prédateur; l'un n’empêche pas l'autre alors. Cependant, il existe des hommes qui résistent à leurs instincts et aux pulsions pour aimer et rester fidèles. Ceux-là ne se laisseraient pas séduire par des Pauline Dipo alias "popo dipo". N’oublions pas que la femme sait être aussi tentatrice …

L’amitié qui lie le trio Victoria, Sobah et Léa semble plus solide que toutes leurs aventures amoureuses…Alors pour vous l’amitié est-elle plus forte que l’amour ?

L'amitié et l'amour sont deux formes d'amour dont la différence est de degré et d'orientation, selon que la part physique y prend plus ou moins d'importance. Une amitié...vraie est faite de dévouement et elle se bonifie au fil du temps et à l'épreuve. Elle se pérennise comme dans le cas de  Victoria, Sobah et Léa. L'amour, lui, s'étiole car la part physique qu'il intègre, laisse peu de place au pardon. Bien souvent, le temps, la distance...les épreuves n'arrangent pas les histoires d'amour. Il existe cependant de très belles histoires d’amour.

Pourquoi dans cette odyssée sentimentale, avez-vous trouvé le besoin d’insérer les épisodes de guerre ? Une façon de dénoncer la guerre que notre pays a connue ?

 Mais la guerre tout comme l’amour est une autre réalité de la vie, n’est-ce-pas ? Faisons l'amour...et non la guerre!!! Une chose est sûre : "Au delà des tourments" est une œuvre contemporaine ...

Quel sens donnez-vous à la présence de Mamy Lagady, cette vieille dame dans l'œuvre?

Vieille, sage, avertie et aguerrie, mamy Lagady est un repère, une boussole pour  tout son entourage. C'est vers elle que Victoria accourt lorsqu'elle est perdue; Nicodème trouvera également du réconfort auprès d'elle...Par leurs attitudes et leurs conseils avisés, la plus âgée des secrétaires, madame Dréko et mamy Lagady font rimer vieillesse et sagesse.

La mort d'Appollos, le bisexuel, est-elle une sanction de l'auteur par rapport à ses déviations sexuelles?

Certainement pas! Appolos est l'époux de Léa. Dans la réalité, Léa, mon amie d'enfance  est décédée très jeune. Je lui donne une seconde vie à travers le personnage du même nom. Et puisque tout se transforme, Appolos meurt pour que revive Léa à travers les lignes et dans le cœur de ceux qui l'ont connu et aimée. J'ai échangé leurs deux vies.  

Le retour de Victoria dans les bras de Nicodème semble avoir été facile et incroyable…

Revenir après avoir consciencieusement décidé de partir, n'est pas aisé pour celui qui revient. Ce qu'il faut noter ici, c'est l'humilité de Victoria. Elle a du mérite car elle a compris que sa vie n'avait de sens véritablement, qu'avec Nicodème. Quand on aime véritablement, quand on a trouvé sa moitié, on ne tergiverse pas! 

La scène de la fin qui consacre la réconciliation entre victoria et Nicodème est d'une beauté incroyable...Cette réconciliation a lieu au milieu d'une nature déchaînée (les vagues mugissent, l'orage tonne, la pluie tombe....). Qu’avez-vous voulu dire ?

Cette scène résume à elle seule l’œuvre, la communion entre le déchainement des éléments et le tumulte intérieur qui habite chacun, n’empêchent pas nos héros de se retrouver. Le triomphe de l’amour en somme

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Vous mettez beaucoup de soin à faire la description des scènes érotiques et sexuelles…Que recherche Lobé ?

Érotiques et sensuelles...et qui suggèrent...la beauté de deux corps destinés à s’unir, depuis la création...C'est ma romance.

Pensez-vous sincèrement avoir aguerri votre style depuis la publication de votre premier roman?

Les lecteurs me le diront et les critiques aussi...pour ma part, j'avoue avoir tenu compte des remarques et critiques qui n'ont pas manqué d'accompagner "Le voile de Doux Leurre", ma première œuvre. Quant à prétendre avoir réussi ou pas, je vous renvoie la question...(rires)

Un mot à tous ceux qui n’ont pas encore lu « « Au-delà des Tourments » ?

Sans prétendre avoir cerné le sujet, "Au-delà des Tourments" lève un coin de voile sur la souffrance des hommes ; souffrir en amour n’est pas l’apanage des femmes. Le lire aidera celles-ci à trouver un début de réponse à certaines attitudes masculines. Cette lecture sera également bénéfique aux hommes car, elle leur permettra de faire une introspection salutaire pour eux et leur entourage.

Interview réalisée par

ETTY Macaire

 Publiée dans LE NOUVEAU COURRIER du vendredi 29 juin 2012