LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

RENCONTRE AVEC FIRMIN KOTO, rédacteur en chef de 100% Culture

 

Né en 1971 à Danané (COTE D’IVOIRE), Firmin KOTO est de nationalité ivoirienne. Il est diplômé de l’école française des attachés de presse en journalisme (option réalisation audiovisuelle). Journaliste de formation, jeune et fort ambitieux, il s’affirme aujourd’hui comme l’un des plus grands promoteurs culturels de la diaspora africaine basée en Europe. Il est le rédacteur en chef du journal en ligne 100% Culture, une tribune de promotion de la culture africaine connue dans le monde entier. De la Suède, son pays d’accueil, il bien voulu répondre à nos questions.

 


 

De nombreux Ivoiriens ne connaissent pas Firmin Koto ; alors Si vous deviez vous présenter...

Je suis Firmin Koto journaliste et homme d'affaires ivoiro-suédois. Je suis marié et père de 4 enfants. Je réside depuis bientôt 6 ans en Suède mon nouveau pays d'adoption qui m'a finalement donné ce que mon pays de naissance ne m'a pas donné. C'est à dire cette joie d'entreprendre et surtout la qualité de vie.

 

Comment est venue l'idée de 100%culture, votre journal culturel en ligne?

100% est le premier magazine franco-suédois dédié à la culture africaine et de la diaspora en particulier et la culture du monde en général. L'idée de ce journal est avant tout un projet que je portais depuis la Côte d'Ivoire avec pour appellation d'origine 100%show-biz. Malheureusement, personne n'a cru en ce projet durant toute la période ou j'ai tenté de le concrétiser. Lorsque je me suis exilé en Suède et que j'ai vu qu'il n'existait pas encore quelque chose de ce genre, et comme l'intérêt pour les autres cultures et la curiosité pour l'Afrique en Suède (qui est un pays sans grand passé colonial) étaient évidents, je me suis dit qu’un journal de ce genre pouvait donc être quelque chose d'exclusif. D'où ce grand intérêt en Suède pour ce média africain qui tisse sa toile depuis bientôt 5 ans.

 

100%Culture, le titre semble exprimer une ambition démesurée.

Une ambition démesurée? Je ne crois pas. Ce qui me caractérise c'est que je pense que mes rêves doivent être assez grands pour que je puisse les atteindre. Je crois que nous essayons tout de même de remplir notre mission de faire la promotion des cultures africaines à travers ces différents genres à savoir la musique, le théâtre, la danse, la littérature, le cinéma, la mode, les médias et bien d'autres secteurs d'activités qui rentrent dans le cadre de la culture que nous essayons de confiner dans chaque parution mensuelle. Il est peut être clair que nous ne sommes pas encore à la pointe de l'actualité mais c'est un choix stratégique. Parce que pour nous, il ne suffit pas de courir vite mais surtout d'arriver à temps. Nous existons depuis 5 ans déjà et nous n'avons jusque là pas manqué une publication. À l'heure actuelle nous nous voyons un peu comme une bibliothèque numérique à travers la quelle, à tous les coins du monde on peut avoir la possibilité de consulter des articles sur des artistes africains dans tous les genres. Nous avons certes des plans de développement de notre site, vu que l'internet est le canal de l'avenir en matière de presse, mais pour nous il est aussi important de se maintenir dans le temps parce que les journaux sur internet sont comme du vin qui se bonifie avec le temps.

 

Comment votre structure est organisée? Pouvez la présenter?

100%Culture est déclaré sous un régime associatif pour exister dans la légalité. Il est édité par Intermédiaire Consulting qui est une société anonyme. Intermédiaire consulting est une agence de conseil en communication, lobbying et relations publiques dont je suis le directeur général. Dans plusieurs pays en Afrique en Europe et aux USA, nous avons des correspondants qui nous font parvenir des articles sur l'actualité culturelle. Nous ne sommes pas très actifs en ce moment en Asie mais nous avons établi de bons contacts et d'ici peu on pourra lire quelque chose sur la culture africaine dans ces contrées.

 

 

 

On dit souvent que l'une des causes du retard de l'Afrique c'est le manque criard d'une politique hardie en faveur de la culture. Votre avis?

C'est malheureusement le constat. Sinon comment comprendre qu'en Côte d'Ivoire, après un changement de régime, L'État n'ait pu protéger des monuments et des sites stratégiques auxquels le pays pourrait se référer dans son histoire. Ne dit‑on pas que les hommes passent mais les nations restent ? Ne dit‑on pas encore que la culture c'est tout ce qui nous reste lorsqu'on a tout perdu ? C'est juste un constat mais ce que je voudrais surtout souligner c'est que la culture est un secteur stratégique pour une nation qui veut être puissante. Nos États devraient plutôt avoir un peu plus d'égards pour la culture. C'est au travers de la culture qu’on fait de la politique.

 

Existe-t-il des pays africains qui se battent véritablement pour la promotion de la culture? Lesquels?

Je pourrais dire qu'en Afrique le Benin se bat beaucoup pour valoriser sa culture et si l'on parle aujourd'hui du vaudou dans le monde entier, c'est parce que le Bénin a su mettre un mythe autour de son vaudou. Il y a aussi des pays comme le Mali et le Burkina Faso qui ont des rendez-vous culturels chaque année et c'est déjà quelque chose.

 

On reproche souvent à l'occident de s'ingérer dans les affaires intérieures des pays africains. Pourtant c'est ce même occident qui le plus souvent nous aide à promouvoir nos cultures. Votre commentaire.

Je crois que c'est la plus belle question de cette interview. Celle qui me permettra de faire une analyse très simple. Lorsque j'étais encore en Afrique on disait que la presse était le quatrième pouvoir et j'étais tout aussi heureux d'avoir un peu de pouvoir en tant que journaliste parce que je croyais en la liberté d'expression qui est avant tout un facteur important dans le développement d'une société. Même si cela n'était pas vraiment le cas en Afrique quand j'y vivais encore, j'avais quand même compris que la presse pouvait jouer un rôle très important dans la vie d'une société. Une fois en Europe et particulièrement en Suède je me suis rendu compte que la presse était en quelque sorte le premier pouvoir. Fort donc de ce constat, je me demande pourquoi la presse en Afrique ne peut pas être indépendante et que des hommes d'affaires en dehors de toute considération politique ne pourraient pas investir dans les médias afin que l'Afrique ait des médias crédibles capables de montrer le vrai visage de l'Afrique.

 

Peut‑on se passer de la coopération ou de l'aide extérieure en matière de culture?

Non, je ne crois pas que l'Afrique puisse aujourd'hui se passer de l'aide extérieure dans tous les domaines parce qu'une chose est de parler mais une autre chose est d'agir. Au vu de tous ce qui se passe dans le monde, je crois que les africains parlent plus qu'ils ne travaillent.

 

Quels sont les actions minimales que doivent poser nos gouvernants pour booster nos valeurs culturelles?

D'abord comprendre que la culture est le meilleur ambassadeur d'un pays et travailler dans ce sens.

 

Que pensez vous de la littérature africaine aujourd'hui? Avancées ou recul?

Je pense que la littérature africaine a fait un bon quantitatif et qualitatif au vu de cette volonté de publier ne serait ce que ça. On retient toujours quelque chose d'un peuple qui s'exprime à travers la littérature car c'est ce qui fait finalement l'histoire.

 

Pensez vous que 100 pour 100 culture est incontournable?

Ça serait prétentieux de dire que 100%culture est incontournable mais tout de même 100%culture est un média crédible.

 

Je constate qu'il vous arrive de vous intéresser à la politique. J'en veux pour preuve votre édito de juin 2011 qui a pour titre "A quand le réveil"?

Oui, car à travers la culture je m'intéresse à la politique. Car dans ce cadre qu’il est plus simple de véhiculer des messages politiques objectifs.

 

Les ambitions et les projets de 100 pour 100 culture.

En éditant 100%culture dans le domaine de l’Internet, nous voulions d’abord répondre au souci de rendre accessible la culture en général, mais la culture africaine en particulier dans l’environnement francophone mondial. Nous pensions aussi que cet outil entre les mains de jeunes africains et européens allaient contribuer à briser certaines barrières à l’intégration des Africains et leur culture en Europe. Et pour nous, la culture semble le cadre le plus adéquat où l’on peut effectivement «vivre ensemble différents».

100%culture se veut donc avant tout le magazine en ligne de l’actualité culturelle tout azimut qui donnent l’extraordinaire richesse du patrimoine culturel tel qu’il se déroule au quotidien dans le monde. Pour sa construction 100%culture a fait appel à la crème des Web designers disponible en Suède. Le résultat permettant de mettre à la disposition des internautes un site dépouillé d’usage simplifié et capable d’offrir l’actualité culturelle à la moindre clique!

Dans ses perspectives à venir, 100%culture édité maintenant en français et en suédois offrira bientôt une traduction en anglais. Un choix dicté par notre volonté de créer des voies de rapprochement, de partage et d’enrichissement mutuel des peuples du monde à travers la culture.

 

Interview réalisée par

 ETTY Macaire

 

 

 

Publiée dans Le Nouveau Courrier du 20 janvier 2012

 

 

 

 



20/01/2012
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