LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LITTERATURE AFRICAINE: ELLE EST DEBOUT LA FEMME D'EBENE

 

En Afrique, à sa naissance, l’art de la plume a été pendant longtemps un domaine réservé exclusivement aux hommes – aux mâles ‑, ceux là même qui ont le droit à tout.

 

 

Le retard pris par la femme africaine pour conquérir le « feu sacré » de la créativité littéraire est lié à une multitude de préjugés et de pesanteurs culturelles, véritables obstacles à l’émergence du sexe dit faible.

 

 

Privée de parole et des avantages de l’instruction moderne, la femme africaine ne pouvait que rester à la périphérie de la création littéraire. Car l’école même chez nos plus grands créateurs, les négritudiens, précède l’acte d’écrire. Aujourd’hui, avec l’évolution des mentalités, dont l’une des expressions est l’ouverture des portes de l’école à la jeune fille, la littérature n’est plus une affaire purement masculine. La création littéraire s’est démocratisée en s’ouvrant à des plumes féminines. Ce n’était pas donné, loin s’en faut. La femme africaine a dû se battre avec passion et abnégation pour arracher son droit d’apprendre, de se réaliser, de s’exprimer et de prendre part à la construction de l’édifice commun, par la plume, par la créativité, par l’imagination.

Son irruption sur le champ de la littérature est une victoire qu’il faut saluer à sa juste valeur. La conquête de la plume, « l’arme miraculeuse », procède de sa volonté de briser le silence aux fins de se dire et de proposer sa vision du monde au monde pour que plus jamais la compréhension des événements de notre milieu de vie et l’interprétation des signes de l’univers ne soient plus une activité discriminatoire réservée aux seuls descendants d’Adam.

 

 

La littérature féminine africaine est avant tout une prise de parole, une volonté de rompre avec le passé. Venue du fin fond « des enfers » de l’indifférence et de la négation qui dévirilisent et démobilisent les facultés intellectuelles, la femme africaine a réussi, non sans difficulté, à prendre une place admirable sur « le théâtre des opérations » de la création littéraire. Sa préoccupation première, au regard de son histoire fut, en toute évidence, d’être le porte-voix de toutes les femmes noires, victimes collectives de mépris, d’irrespect et de marginalisation favorisés par des traditions. Avec une verve empreinte d’une incroyable sensibilité, elle va, de sa plume inquisitrice, hanter les familles, investir les foyers, assiéger les communautés, épier les gouvernants pour débusquer tous les faits et gestes qui nient aux descendants d’Eve leur droit divin au bonheur et au soleil de l’épanouissement. Au fil du temps, l’écrivaine d’ébène, à l’instar de ses pairs masculins, va s’intéresser à tous les thèmes qui touchent à la situation de l’homme noir en particulier et de l’homme de tout espace et de tout temps en général. Elle transcende son statut primaire d’auteure féministe pour devenir un écrivain tout court, assoiffé de justice, de progrès, d’égalité et d’humanité. Il ressort d’un classement réalisé par le dramaturge camerounais Eric Essono que  les meilleurs auteurs africains de la décennie (2001 à 2010) sont des femmes.

Progressivement, son talent est reconnu mondialement et son génie salué planétairement. Elle va inscrire, en guise de couronnement international, son nom sur la liste des lauréats de tous les prix, les plus prestigieux, de littérature : prix Nobel, prix Goncourt, prix de l’Académie... Au niveau continental, le Grand Prix littéraire d’Afrique lui ouvre grandement les portes : cinq fois, la femme monte sur le plus haut du podium. Dès lors, rien ne l’arrête …Des noms comme Ken Bugul, Fatou N’diaye, Calixthe Beyala, Nadine Gordimer sont aujourd’hui prononcé avec une grande vénération.

Aujourd’hui elle est debout la femme écrivain d’Afrique noire… (et pour paraphraser Aimé Césaire) «   Elle est debout la femme d’ébène, la femme d’ébène assise inattendument debout, debout dans le vent, debout sous le soleil, debout dans le sang debout et décidée… »

En Côte d’Ivoire, la femme est bien présente dans nos maisons d’édition et dans nos librairies. Ces dernières années, elle a fait du chemin et contexste même l’hégémonie masculine. Les noms de Tanella Boni et Véronique Tadjo  appartiennent au patrimoine continental voire mondial. Suzanne Tanella Boni est Prix Ahmadou Kourouma pour son roman Matins de couvre-feu(2005), Prix Continental (dans la catégorie meilleure auteure féminin) (2009) et surtout Prix International de Poésie Antonio Viccaro. Véronique Tadjo a été en 1983 Prix littéraire de l’Agence de Coopération Culturelle et technique avant de remporter le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 2005. Quant à Régina Yaou, elle est certainement la plus régulière en matière de publication. Aujourd’hui certaines de ses œuvres tout comme celles de Fatou Kéita sont traduites en plusieurs langues. Fatou Kéita en plus d’être une romancière de talent reconnue est de loin la plus grande plume de la littérature enfantine dans notre pays voire en Afrique. En 1994, elle est Premier prix pour le concours de littérature africaine pour enfants de l'ACCT (l'Agence de la Francophonie) avec Le Petit Garçon Bleu. En 1997 son livre Le Petit Garçon Bleu obtient également la Mention Honorable au Prix UNESCO de littérature pour enfants au service de la tolérance.

En somme la femme africaine est bien « dans la place » et la femme ivoirienne décidée à ne plus jouer les seconds rôles.

 

 

ETTY Macaire

 



21/07/2012
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