Les témoignages des critiques et écrivains ivoiriens sur le poète Azo Vaugyy
Sur Azo, le poète au talent d’iroko, tous les témoignages sont unanimes. Lecture...
Hyacinthe Kakou, écrivain
Azo Vauguy est un poète génial, un sculpteur de mots, sacrément inspiré qui se nourrit de la tradition orale de son riche terroir bété qui l’habite et le possède jusqu’au bout des ongles. Mais qui, une fois redescendu sur terre, livré à la prose comme le commun des mortels, recherche ses marques, ses mots.
Avez-vous vu Azo écrire un poème ? Sa poésie coule de source. Cet Azo là ne cherche guère ses mots ; ils jaillissent tout naturellement de sa plume. Il y a quelques années, je l’avais sollicité pour une anthologie relative à la poésie sentimentale que je vais bien finir par publier, si tout se passe bien, cette année.
Je suis donc allé le voir à Notre Voie pour recueillir sa contribution; il n’avait pas encore écrit son texte; et il me dit : « attends-moi, je t’apporte mon poème dans une vingtaine de minutes ! » Je lui dis ; « Mais tu plaisantes ! », il me rétorqua : « Je l’ai déjà rédigé, il est dans ma tête ! »Et il a tenu parole ; il m’a remis le texte dans le temps ! Un superbe texte où il associe à la limite de la transgression l’image de la femme aimée à sa mère : « (….) Viens, mère/que je passe ma langue /sur ta poitrine où coule le Nil/Chaque pas que l’on pose /est une fleur qui s’épanouit /Chaque fruit qui se noue /est une graine d’espoir/Allons/Enfourchons le cheval/qui efface les distances/ Enfourchons le cheval de la félicité /Avant que Dieu ne nous / reprenne ce qu’il nous a donné : »
Je l’avais sollicité, Azo ,quelques années plus tard pour Zakwato dont j’étais tombé sous le charme; je tenais absolument à ce que ce texte que j’avais découvert au début des années 80, et publié de larges extraits dans les colonnes de Fraternité- Matin, fut publié. J’en avais parlé aux responsables des Editions Vallès où j’avais exercé deux années durant une sorte de fonction de directeur éditorial qui ne disait pas son nom ; ils n’étaient pas contre.
Mais Azo avait égaré le texte original. Il a suffi de quelques jours seulement pour qu’il réécrive ce long poème qu’il avait, selon lui, dans la tête. Je leur avais également parlé de Henri Nkoumo qui est aussi bon poète.
Zacharie Acafou , chroniqueur littéraire
Le plus admirable chez Azo Vauguy, c'est que son esprit sans rien quitter de sa rigueur, a su garder toute sa valeur poétique; su apporter à sa création poétique, cette rigueur qu'on eût pu croire hostile à l'art et qui a fait de "Zakwato" une merveille si accomplie.
Œuvre tirée d’un mythe bété qui renferme un poème qui s’étend de la première à la dernière page soit près de 56 pages, il est dit que la rédaction de «Zakwato, pour que ma terre ne dorme plus jamais» a pris près d’un quart de siècle de recherche à son auteur. Étonnons-nous donc de ce tonnerre querelleur, enchantons-nous de ce murmure là car Zakwato est une vérité de tableaux. Et ces cinquante six pages, dans leur fière succession, autant de visages, autant de corolles, dont chacun possède un sens propre.
Cet extrait chanté de Bertin Kahidé qui prend pied à Gnialepa en est le parfait exemple : « dans la course vers le bonheur terrestre, je n’ai pu atteindre le sol. Comme le brouillard, je suis resté sur les feuilles des arbres. Que m’assiste donc « ZAKWATO », le courage fait homme, afin que je puisse supporter le drame qui me déchire. »
Azo Vauguy est impitoyable car, dans son laboratoire de poète visionnaire, c’est lui seul qui sert de cobaye. Et la dernière interview que Macaire Etty lui a accordée est immense et diseuse de poésie. Ah ! Qu’on pardonne à la littérature ivoirienne tant d’écrivains qui la font haire en faveur de cet homme qui la fait aimer. CQFD
Henri Nkoumo, poète
Poète il l’est par la qualité de ses vers. C’est avec un immense plaisir que je lis et relis son lumineux poème au long cours intitulé : « Zakwato, pour que l’Afrique ne dorme plus jamais ». Tout l’art d’Azo Vauguy y est affirmé. Texte creusé dans le dire néo-oraliste, « Zakwato » dit le rapport étroit du poète à l’univers des mythes et légendes de son terroir bété. Les mythes, il en connaît, car il a longuement tété aux mamelles du village, de la tradition, avant de venir s'installer en ville. Sa poésie « terroiriste » sait se mettre au service des préoccupations de notre époque. L’Afrique revendiquée et défendue par Azo est sommée de « s’arracher les paupières pour ne plus avoir à dormir ». Quelle belle pensée ! quelle force du symbole ! Comme elle est belle, cette parole venue de dessous les longues nuits qui enferment le destin de notre continent ! L’art du poète Azo est porteur d’une force qui émeut, d’une langue qui fait danser le cœur et d’une énergie qui nous permet de regarder demain droit dans les yeux. Avec lui, j'entretiens un commerce agréable.
J'ai connu Azo à la fin des années 80. Il publiait, tout comme moi, ses poèmes dans Frat Mat, dans les pages du mardi, aimées des hommes de Lettres. Nous étions appelés à nous rencontrer.
Mathurin Goli Irié, écrivain
« Azo est un homme humble, ouvert, sincère. En effet, il dit ce qu'il pense. En outre, il a le sens du partage et de l'entraide. En tant qu'écrivain et surtout poète, il est hermétique. Ses pensées ne sont pas accessibles aux lecteurs de niveau moyen. Il est l'un des écrivains qui maîtrisent véritablement la technique de l'écriture. Ses écrits sont emprunts de culture philosophique et spirituelle puisée dans le terroir bété. Il fait partie sûrement des valeurs référentielles pour les jeunes écrivains. Partout, on lui doit reconnaissance eu égard à sa riche expérience dans le domaine littéraire ».
Propos recueillis par ETTY MACAIRE
In Le Nouveau Courrier du 22 mars 2013
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