LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE PERSONNAGE DU ROMAN

 

 

Un personnage est un être de papier, une construction littéraire faite de mots ; mais, dans le roman, grâce aux techniques de représentation réaliste, il acquiert une « épaisseur », une « densité » (descriptions physiques, notations psychologiques, paroles rapportées) : dès lors, le lecteur peut croire à son existence réelle ou du moins vraisemblable, et il peut s’identifier à lui.

L’étude du personnage, en particulier celle du héros, ouvre sur une certaine vision de l’homme, de ce qui fait l’identité, le sens de la vie. A travers lui, le romancier nous permet de réfléchir sur nous-mêmes et aussi sur la société et le monde qui nous entourent.

Le personnage d'un récit n'existe pas par lui-même mais dans ses relations d'opposition ou de ressemblance avec d'autres personnages : ils forment un système qu'il faut mettre à plat pour mieux comprendre ce qui se dit à travers lui.

 

Les différents types de héros

 

 

Caractéristiques 

Le héros positif  

Porteur de valeurs, il se distingue par des qualités exceptionnelles, physiques ou morales. Le lecteur est incité à s’identifier à lui. 

Le héros négatif 

Dépourvu de sens moral, il peur faire preuve de violence et de cruauté. Sans s’identifier à lui, le lecteur reste fasciné et est amené à réfléchir sur ses propres tendances obscures. 

L’antihéros 

Il se présent comme un être banal et ordinaire, évoluant dans un monde qui le dépasse ou dans un univers quotidien sans relief. Le lecteur est ainsi amené à réfléchir sur la société dans laquelle il vit, sur ses propres limites, sur sa condition. 

Le héros collectif 

Un groupe d’individus ou une collectivité unie par les mêmes valeurs. Le lecteur s’identifie aux valeurs incarnées par le groupe. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La

construction littéraire du personnage

1) Une identité sociale

Le romancier attribue un état civil à ses personnages : origines, nom, âge, situation de famille, métier. Ces données vont confirmer l’univers du roman et conditionner ses enjeux, sa signification d’ensemble. Exemple : dans Germinal, Zola choisit de représenter les mineurs au XIXè siècle et donne ainsi à son roman un sens politique et social.

2) Des traits physiques et psychologiques

Ensemble des traits physiques et psychologiques du personnage, présentés soit de manière directe par le biais du portrait soit de manière indirecte à travers les détails du récit, comportement, paroles, actions. Doté d’un physique précis et d’un caractère que le lecteur peut imaginer, le personnage acquiert ainsi une certaine consistance, une certain épaisseur, et crée l’illusion réaliste.

3) Une évolution

Le roman raconte le cheminement du héros qui correspond le plus souvent à une évolution, une transformation de sa personnalité, de ses connaissances, de ses valeurs, de son rapport au monde. 

> Toutes ces caractéristiques sont à étudier de façon à comprendre tout ce qui s'exprime à travers le personnage.

 

Distribution et fonction des personnages : le schéma actanciel

Héritier de l’épopée, le roman s’organise le plus souvent comme elle autour d’un personnage principal, le héros, qui poursuit un objectif plus ou moins apparent, qui cherche à réaliser un projet: c’est la quête qui vise à atteindre un autre personnage : l'objet (ex : conquérir une femme, abattre un ennemi, s'élever socialement donc être quelqu'un d'autre....).

La quête peut-être commandée par un autre personnage qui mobilise le héros, c'est l'émetteur (ou destinateur).

Elle a lieu au profit de certains personnages, les bénéficiaires (ou destinataires).

Par rapport à cette quête les autres personnages vont avoir différentes fonctions : ceux qui aident le héros dans sa quête sont les adjuvants ; ceux qui entravent le projet sont des opposants. 

>>> Cette analyse permet de mettre à plat des rapports de force qui organisent l'action.

Attention : un même personnage peut occuper plusieurs place (par exemple le héros est en même temps l'objet de la quête, les adjuvants sont les bénéficiaires, un adjuvant devient opposant, etc).

 

Signification du personnage et de sa trajectoire : une représentation de l’homme

Le personnage de roman, suivant les époques, incarne toujours une certaine conception de la personne, de ce qui fait sa consistance, son identité ; il renvoie à une certaine idée de l’homme, propre au romancier ou à son époque. Quelques exemples :

Le roman est centré sur l’évolution et l’apprentissage du personnage  

> Représentation des mutations possibles de l’individu, de ses prises de conscience et de sa capacité à changer. Il faut alors bien identifier les facteurs profonds de la transformation. 

> Idée que la vie a un sens, qu’elle progresse, s’oriente par rapport à une finalité. L’histoire, le parcours du héros peut ainsi atteindre la dimension de la légende ou du mythe.

Ex : Don Quichotte, rêveur idéaliste, défenseur des opprimés

Le roman est orienté vers la constitution du personnage en type social, représentant d’un groupe

> Le roman a une dimension sociale et politique, il permet de présenter la vision que l’auteur a de la société et de transmettre son point de vue, d’inciter éventuellement les contemporains à une prise de conscience (= littérature engagée)  

> Idée que le destin individuel est conditionné par le groupe social auquel on appartient, que l’on est toujours intimement lié à une communauté humaine

Le roman est centré sur l’analyse des sentiments et des passions du héros  

> Le roman se présente comme un outil de compréhension de l’humain. Il peut avoir parfois les allures d’une étude. Il donne au lecteur l’occasion d’explorer sa propre psychologie. 

> Idée que les événements de notre vie ne sont pas purement accidentels ; ils sont reliés par la logique de la psyché : motivations conscientes et déterminations inconscientes de l’individu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Historique de la place et  des caractéristiques du personnage à travers les siècles

Moyen-Âge-XVIè siècle

Les romans de chevalerie sont des épopées qui reposent sur la quête héroïque menée par des personnages simplifiés, , héritiers des demi-dieux de la mythologie, dotés de qualités surhumaines, modèles qui suscitent l’admiration morale (ex : La chanson de Roland). Ils sont porteurs d’une vision très idéaliste de l’homme.

XVIIè-XVIIIè siècles

Les histoires proposées sont plus complexes, plus chaotiques, et la personnalité s’affine par l’étude des passions qui animent le personnage, et la reconnaissance des faiblesses humaines, mais l’idéalisation est encore présente : le personnage romanesque éprouve des sentiments élevés, témoigne de qualités exceptionnelles et illustre les valeurs morales de son époque. Le roman cherche encore à se faire une place parmi les grands genres littéraires traditionnels.

XIXè siècle

C’est l’âge d’or du roman, enfin reconnu comme un genre à part entière. La vision idéaliste laisse place à des personnages réalistes, communs. Le roman ne cherche plus à camper des modèles : il veut désormais rendre compte du monde réel. Le maître mot est désormais : « vraisemblable ». Le courant réaliste, soucieux de peindre le contexte politico-social, met en évidence la dépendance des individus à leur époque, leur milieu et leurs origines. La personne est conçue comme le produit de ces déterminations. Les personnages romanesques sont souvent des synthèses, des types qui incarnent un groupe social.

Avec le romantisme s’affirment les valeurs individualistes : on voit apparaître l’originalité d’un parcours et la complexité des facteurs d’évolution, en particulier la dimension psychologique.

XXè siècle

Exploration des profondeurs de l’âme, de la conscience intime, subjective qui conduit à une interrogation sur l’identité et sur les moteurs inconscients de l’existence. Les héros romanesques sont souvent confrontés à l’absence de sens : ils ne comprennent pas la société qui les entoure et se sentent en décalage, ou bien leur existence elle-même apparaît comme absurde ; ils n’ont plus de prise sur leur destin. Dans le nouveau roman, le personnage moderne va jusqu’à perdre son nom, son identité ses valeurs. On parle de crise du personnage.

 

 

 



24/01/2013
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