LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

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INTERVIEW/ Luisiano N’dohou, auteur de « On n’échappe pas à l’amour »

 

Le roman frappe par la beauté plastique de sa couverture. Le titre également ne laisse personne indifférent. « On n’échappe pas à l’amouré a pour auteur, l’écrivain ivoirien,  Luisiano N’dohou, est détenteur d’un Master en administration et d’un Diplôme Supérieur de Spécialités en Négociation et Communication Multimédia. Actuellement, il est chargé de la promotion des ventes à la Société Nationale de Développement Informatique (SNDI).  Il appartient au comité de lecture des Editions NEI-CEDA depuis 2002 et est Responsable de la Communication de l’Association Akwaba Culture, initiatrice du Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d’Expression Francophone.

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M. N’Dohou, au vu de votre bibliographie, il est clair que sur le plan de la production littéraire, vous n’êtes pas un novice…

Pas tout à fait. « On n’échappe pas à l’amour » qui fait l’objet de cette interview est ma 8ème production après 6 romans (Jusqu’au Mariage, Rendez-vous du bonheur, Je l’aime… Pas nous !, Le masque de la Siffleuse, Comme une nuit de noces, Parenthèse dangereuse, On n’échappe pas à l’amour) et un recueil de nouvelles (La dernière dose de viagra). Sans oublier que j’ai fait paraitre des nouvelles dans des publications collectives suite à des concours Littéraires auxquels j’aimais beaucoup participer à l’époque (Une histoire pour l’an 2000, Tournons la page, Intimes confidences, Juste pour goûter). On peut donc dire que je suis un « doyen moyen »  (rires) en matière de production littéraire.

 

J’ai entendu dire que vous êtes particulièrement très amoureux, un homme hyper sensuel et romantique

Je vous répondrai comme Aurélie Guichard à qui cette même question a été posée. L’amour est source de vie, au même titre que l’eau, l’air, la nourriture, l’oxygène, etc. Je suis donc  amoureux de la vie, des beautés de la création… Je suis amoureux des valeurs cardinales qui fondent l’existence humaine, la bonté, l’honnêteté, la loyauté, etc. Pour ce qui est de la sensualité, peut-être au niveau de la voix, une amie m’a dit qu’elle était suave… Je suis certainement romantique, dans la mesure où j’écris des romans (Rires)… Qui sait si romantique et romancier ne seraient pas décrétés synonymes un jour (rires).

 

Vos œuvres sont construites presque toujours sur le thème de l’amour. Que représente ce sentiment pour vous ?

L’amour est la base de la vie. C’est un thème universel qui est loin d’être épuisé. La preuve en est que les philosophes ont toujours traité du sujet. Je parle d’amour dans son acception la plus large, même si très souvent, c’est l’aspect sexuel de l’amour qui est perçu, parce que mis au devant. Mes écrits font à la fois appel à éros, philia et agapé.

 

Pourquoi vous évertuez-vous à tisser des histoires sentimentales dans un pays déchiré par les virus de la politique? N’est-ce pas une forme de démission ?

Je ne suis pas politicien, en tant qu’écrivain, je ne peux délivrer à mes concitoyens que des messages de paix et d’harmonie, donc des messages d’amour. Parler d’amour en pareille occurrence n’est pas une démission, mais au contraire, inculquer des valeurs positives, constructives sans lesquelles l’être humain ne peut pas grandir et prospérer. L’amour est un idéal qui pousse l’Homme vers un idéal… Si vous lisez entre les lignes de mes œuvres, vous constaterez qu’il n’y est jamais uniquement question d’amour comme attirance physique entre un homme et une femme, mais toutes les formes de d’amour y sont convoquées (l’amour sexuel, l’amour affectif, l’amour spirituel)…

 

 Le titre de votre livre « On n’échappe pas à l’amour » semble nous dire que l’amour est une force à laquelle tout le monde est soumis.

Absolument, l’amour a une certaine dynamique qui fait qu’il arrive à bout beaucoup de choses. De toute façon, ce qui est fait sans amour n’est pas fait pour durer.

 

Je n’ai pourtant pas l’impression qu’Aurélie et Ramus avaient voulu échapper à l’amour…

Si, d’une certaine façon. Ils n’ont pas voulu écouter les battements à l’unisson de leur cœur, alors que leur entourage avait déjà capté ce sentiment qui électrisait l’air ambiant chaque fois qu’ils étaient ensemble. D’ailleurs, quand ils n’ont plus eu le moindre doute à ce sujet, ils ont encore tenté de nier l’évidence en se refugiant derrière certaines considérations et contingences (différence d’âge, engagements, etc.). Mais l’amour les a rappelés à l’ordre… De toute évidence, ils auraient été terriblement malheureux l’un sans l’autre et leur vie aurait été définitivement bouleversée.

 

Les deux personnages pris dans le doux engrenage de l’amour sont issus du monde littéraire. L’histoire que vous racontez a-t-elle un encrage dans votre vie ou votre entourage lorsqu’on sait que vous hantez le monde de l’édition depuis un bon moment ?

Vous êtes perspicace (rires). J’avoue que certains faits ont été tirés de mon univers professionnel, personnel (il en va de même pour certains personnages), de sorte que le livre soit profondément empreint d’une atmosphère générale de réalisme et de réalité. Mais  « On n’échappe pas à l’amour » est loin d’être une œuvre autobiographique. J’ai largement lâché la bride à mon imagination de manière à ce que toute personne ayant évolué dans le monde littéraire se reconnaisse à travers ce roman.

 

L’attitude de l’amie d’Aurélie, Suze Aurélie, ne cache-t-elle pas d’autres sentiments non évoqués comme la jalousie ou même un amour inavoué pour Ramus ?

Suze Adélaïde n’était motivée que par le désir de protéger sa meilleure amie. Peut-être que de manière inconsciente, elle était attirée par Ramus, mais je ne saurais par trop me prononcer à ce sujet (je propose que la question soit posée à des lectrices, elles seront mieux outillées pour éclairer notre lanterne)… Elle fut l’une des premières à avoir perçu les sentiments qui naissaient entre Ramus et Aurélie, et elle l’a trouvée profondément vulnérable face au jeune homme, je pense que c’est la raison fondamentale pour laquelle elle voulait absolument mettre fin à cette relation qui ne lui laissait rien présager de bon. Pour elle, Ramus n’était qu’un gigolo, un arriviste qui n’en voulait qu’aux biens de sa meilleure amie.

 

Vous vous attardez énormément sur  la plastique de votre héros masculin. Luisiano serait-il attiré par la beauté des mâles ?

(Rires) Luisiano est un artiste et en tant que tel, il est sensible à la beauté. Il l’apprécie et la décrit sans nécessairement tenir compte du sexe et du genre de l’individu qu’il décrit. En outre, les descriptions de Ramus sont dans le roman sont faites du point de vue des personnages féminins (Aurélie, Adélaïde, etc.) qui de toute évidence ne sont pas indifférentes à la beauté de ce mâle.

 

La chute de votre histoire a pour décor une plage… Cette fin me semble très commune…elle est devenue comme une sorte de cliché

Aurélie s’étant retirée sur cette paradisiaque plage pour faire le point et se retrouver, le roman ne pouvait pas finir ailleurs. La plage dégage le rêve, l’évasion, le bonheur. Tous autant que nous sommes, nous avons un jour rêvé de faire l’amour sur une plage ou dans la mer… C’est un fantasme profond et collectif que nous satisfaisons à travers Ramus et Aurélie… En outre la plage a une autre symbolique : la mer semble n’avoir pas de limite, par ricochet l’amour qui se conclut sur ses bords n’aura pas de fin, sera éternel…

 

Je dois avouer que votre plume est belle. Quelle place accordez-vous à la forme à la création de vos œuvres ?

Merci pour le compliment. Venant de vous dont je connais l’objectivité de la critique et la franchise un peu brutale, j’en suis profondément touché. Chez moi, la forme est capitale dans le processus de création. La thématique de nos œuvres n’est pas fondamentalement innovante, nous abordons pratiquement les mêmes sujets sous des angles divers. Par conséquent, ce que nous disons est certes important, mais la manière dont nous le disons l’est encore plus. C’est la forme que nous donnons à nos phrases qui constitue notre spécificité et fait notre identité littéraire. Les œuvres qui me marquent le plus sont celles dans lesquelles la prose est sous-tendue par un souffle poétique… Il faut qu’après avoir lu un roman, j’aie consigné des belles phrases en me posant la question de savoir si j’aurai pu, à l’instar de cet auteur, traduire ma pensée dans une aussi belle tournure… L’esthétique littéraire pour moi réside dans la musicalité des mots…

 

Merci Luisiano N’Dohou

Merci !

 

 Interview réalisée par Etty Macaire

 

In Le Nouveau Courrier du 24 janvier 2014



25/01/2014
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