LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

ET SI DIEU N'AIMAIT PAS LES NOIRS DE SERGE BILE:un livre-enquête qui déchire le voile du Saint-Siège

Les éditions Kofiba ont publié au troisième trimestre 2011 en Côte d’Ivoire un livre au titre provocateur et accrocheur : Et Si Dieu N’Aimait Pas Les Noirs ? Ce livre coécrit par Serge Bilé et Audifac Ignace se veut une enquête sur le racisme qui règne au Vatican.


 


 

 

Sur la première couverture de l’œuvre une image de l’intérieur d’une église, d’une cathédrale peut-être ou encore d’une basilique. Avec tout le faste et tous les symboles qui caractérisent l’église catholique qui se veut être l’Eglise-mère ou encore mieux l’Eglise par excellence.

 Pourtant,  au-delà de cette apparence d’un univers sanctifié, se profile  la triste réalité. Qui écœure, qui désespère. Cette réalité n’est rien d’autre qu’une révoltante négation du Noir. C’est ce que révèle cet ouvrage dérangeant. Que les Noirs soient l’objet de mépris de la part des Blancs, il n’y a rien de surprenant. L’esclavage, la traite négrière, la colonisation sont des « tâches historiques » qui crient la tragédie nègre ! Qui démontrent que la race hellène est loin d’accepter la simple humanité de la race nègre. Mais combien sommes-nous, qui savions que même dans la maison de Dieu le nègre n’est pas le bienvenu. Le Blanc qui a fait du christianisme sa religion continue de croire que le Noir ne mérite pas d’être lui aussi l’enfant de Dieu ou pour être précise de leur Dieu.

Le journaliste ivoirien, qui s’est donné pour mission depuis quelques années de révéler au grand jour tout ce que l’histoire officielle tait sur la race noire, avec la collaboration de Audifac Ignace, s’intéresse dans cet ouvrage au racisme qui a toujours régné et qui règne au Vatican. Il ne s’agit pas d’une effusion lyrique de poète qui pleure le martyre de la race noire ; non plus des divagations d’un auteur à l’imagination débridée. Ici, il est question d’une enquête qui a cherché à savoir ce qui se cache derrière le voile virginal qui couvre le Vatican. Et les résultats sont simplement effarants.  Serge Bilé et Audifac Ignace avec une audace presqu’impie promènent leur plume irrévérencieuse dans tous les coins et recoins du siège pontifical. Ils lèvent la soutane du Saint Père, ils mettent les pieds dans les plats bénis du Saint siège, fouillent dans les placards, éventrent des documents frappés « top secret » pour… montrer au grand public ce qui s’y trouve et notamment le sort réservé aux Noirs. Le Vatican est-il une terre sainte ? Le Vatican est-il ce haut lieu du christianisme comme on le dit ? Telles sont les interrogations que suscite la lecture de ce livre. Ainsi selon l’enquête de ces deux auteurs, le Vatican ne mérite pas le statut d’une terre sainte et/ou saine. La majorité des papes qui se sont succédé à sa tête ne sont pas des modèles en matière de nécrophilie. En marge des professions de foi et des bonnes intentions affichées dans les conciles et les adresses pontificales, la race noire est l’objet d’un traitement avilissant et ouvertement raciste au Vatican. Du simple prêtre noir  à l’évêque noir en passant par les religieuses noires et les simples employés noirs du Vatican, tous sont confrontés à des préjugés, à la discrimination et à l’exclusion.

Le Noir serait-il donc privé de l’héritage divin ? Et si Dieu n’aimait pas les Noirs ? Le titre de l’œuvre se dresse, dru, comme une question fondamentale. Si ceux qui se sont érigés en représentant du Très-Haut sur la terre des hommes méprisent les Noirs, c’est que leur mandataire, Dieu lui-même n’aime pas les Noirs. Et Serge Bilé et Audifac de dénoncer tous les actes inhumains posés par le Saint-Siège à l’encontre des Noirs au nom de Dieu. La colonisation a été précédée par une mission religieuse dont le but était de préparer les esprits. L’esclavage suivi de la traite négriére a été justifiée par une idéologie qui prend sa source dans la bible. Durant la deuxième guerre mondiale, le rôle épique joué par les Noirs dans la victoire des alliés contre le fascisme et le nazisme est méprisé, dilué dans des discours racistes. Les nominations et les promotions du Vatican sont fondées sur des critères raciaux en défaveur flagrante des prêtres de couleur. Les prêtres de race noire qui arrivent au Vatican pour leurs études sont condamnés à devenir des sans papiers au terme de leur parcours. La raison : le Saint Siege exige leur rapatriement alors même que l’Europe manque cruellement de prêtres. (Page 33) Les religieuses également ne sont pas mieux logées ; elles sont discriminées, classées et marginalisées. Pour survivre, la majorité s’adonne à la prostitution avec pour partenaires des prêtres blancs ou des civils, loin des regards indiscrets.

Ceux qui rêvent de l’émergence d’un pape noir de nos jours, ont de bonnes raisons, en lisant ce livre, de se raviser. L’histoire sérieuse de l’église révèle qu’il y eu par le passé des papes africains : Victor 1er en 189, Maltidias en 311 et Gelase 1er en 492. Mais combien sont les Africains qui le savaient ? Un pape africain…ne pouvait pas rimer avec la pureté du Saint-Siège. Alors, le Vatican a contribué à les débarrasser de leur souillure noire. Comment ? En les présentant dans leurs portraits officiels comme des papes blancs (page 106 et 107). En d’autres termes, les pontifes africains ont été des siècles après leur mandat… blanchis.

Et Si Dieu n’Aimait Pas Les Noirs est un livre qui s’inscrit dans la voie de tous ceux qui œuvrent à travers le monde pour restaurer l’histoire de la race noire.  La langue de serge Bilé et Audifac Ignace se veut directe, dépouillée, utilitaire. Il ne s’embarrasse pas d’euphémisme et de litote pour révéler au grand jour la terrible supercherie, l’immense mensonge, le vaste dédain dont le Vatican est coupable. Leur but c’est d’informer, c’est de dire l’indicible, nommer la réalité telle qu’elle est, sans circonlocution, sans pudeur, sans émotion. Sous les coups de boutoirs de leur plume impudique, le mythe du Vatican, Terre-Sainte ou Saint-Siège, s’effondre.

Lorsqu’on sort du livre, on se demande s’il n’a pas raison Tiburce Koffi et avant lui Jean Marie Adiaffi qui ont dit que le christianisme est une religion des Blancs. Tiburce Koffi, par exemple, dans son essai intitulé Le Mal Etre Spirituel des Noirs soutient que selon la bible Jehovah est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; alors, de là, les Noirs doivent comprendre que ce Dieu de la bible n’est point le Dieu de Koffi, Digbeu ou Yapi. Aussi propose-t-il à l’Afrique de se débarrasser de sa spiritualité d’emprunt en faveur d’un retour aux sources c’est-à-dire au bossonisme qui est la religion des Noirs.

L’intention de Serge Bilé et Audifac Ignace n’est point de montrer une autre voie spirituelle aux Noirs ou détourner les Africains du christianisme. Les auteurs ne sont guidés que par le souci de la vérité. Le rôle a une fonction sociale qui est révéler des vérités insoupçonnées au peuple afin que celui puisse prendre son destin en main en toute responsabilité. Les témoignages recueillis auprès des hommes de Dieu, les entretiens réalisés avec des sachant et les documents consultés ne visent qu’à révéler la stricte vérité. Aux lecteurs et notamment aux Africains de tirer les leçons en méditant sur leur place dans le monde.

Et si Dieu n’aimait Pas les Noirs a été édité pour la première fois en 2009. Ce titre a donné d’ailleurs lieu à un documentaire. Serge Bilé et Audifac Ignace sont respectivement ivoirien et camerounais.

 

ETTY Macaire

Publié dans le quotidien LE TEMPS du samedi 19 novembre 2011

 

 

 

 

 



26/11/2011
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