LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

« D’Abidjan à Tunis » de Mariama N’doye : Pour une prise de conscience sur la richesse que procure la rencontre de « l’autre »

 

   Fierté de l’AFRIQUE  du Sénégal , MARIAMA NDOYE est une personnalité remarquable de la littérature africaine. Ayant à son actif plusieurs créations littéraires dont des livres de jeunesse, des nouvelles et des romans, cette grande dame a édité la majorité de ses ouvrages en COTE D’IVOIRE, et quelques uns dans bien de pays étrangers. Un tel intérêt pour ses pays d’accueil témoigne de sa vision pour une AFRIQUE « une » et surtout de son rêve de voir un monde « un ».c’est d’ailleurs cette vision quelque peu perdue par moment qu’elle expose, à travers un récit plus ou moins émouvant, dans son œuvre  D’ABIDJAN  A  TUNIS.

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L’œuvre de notre auteur a été co-éditée  par frat mat édition  (Côte d’ivoire) et  abis éditions (Sénégal) en 2012.  Plus qu’un livre témoignage, MARIAMA NDOYE déjà par l’édition de son œuvre, fait montre de sa philosophie qui est celle selon laquelle « l’autre, loin de me léser, m’enrichit ».

 

Certes, philosophie n’est pas toujours avérée tant les humains sont parfois mesquins, égoïstes et surtout racistes ! Et elle ne manque pas d’en parler dans ce « livre-témoignage ». Cette grande  romancière  nous raconte, dans un mélange de nostalgie et d’émotion, ses voyages à travers le continent…on penserait à du tourisme, pourtant il n’en est point de manière officielle. Au gré des obligations professionnelles, elle se retrouve dans des contrées lointaines…  Dans son «  embarcation  à la conquête »  de l’ AFRIQUE et du monde elle nous dit ceci « quand le souvenir de certains événements me remonte à la mémoire comme l’huile dans une émulsion aqueuse, ou quand d’autres surviennent à travers le monde  proche ou lointain, je me sens…triste à languir. Alors… je prends ma plume encore une fois.si seulement ma plume pouvait imiter le plan du manioc…qu’il pleuve et le généreux tubercule poussera à foison pour nourrir son monde » (p 13)

 

Une femme au grand cœur, qui sans faire de distinction nous montre comment elle traite avec autant de maternité des personnes étrangères à sa famille, et surtout de classe moyenne ;comme pour nous enseigner le respect de la personne humaine en dépit de son apport matériel et même de son niveau d’éducation. Mouskéba la sénégalaise, Abiba l’ivoirienne en passant par le défunt Billy le burkinabé, cette maman de tous est pleine d’amour et de bonté pour les autres. Par ailleurs, ce récit assez particulier regorge de messages tellement forts, qu’il résonne comme un écho dans l’esprit des lecteurs assoiffés d’enseignements.  L’auteur, lors de l’un de ses séjours à PARIS, assistait à une scène de racisme. Outragée par ce comportement du « citoyen français », elle semblait tomber de haut tant son amertume était grande. ELLE qui ne demande qu’a vivre dans un monde ou la différence de peau, de sexe… ne doit être que des richesses réciproques pour chacun… « Que sait-il passé … pour que les personnes sensées se comptent  sur le bout des doigts. Nous les avons envahis ? » .

 

On découvre toute la déception et la désolation d’une femme qui ne sait donner que du bonheur aux autres (page 42). Aussi vrai qu’elle a été choquée par cette attitude, sa sagesse de femme africaine lui donne d’en tirer des enseignements qui aideront plus d’un aujourd’hui en AFRIQUE : « à l’heure de la mondialisation, il serait peut-être raisonnable de rentrer chez nous comme on nous le demande souvent avec insistance. Rentrons chez nous, aye ! que nos dirigeants nous aident à le faire en exploitant les richesses dont DIEU  nous a pourvu au lieu de les dilapider ou s’enrichir égoïstement. Créons les conditions pour que nos parents qui sont partis puissent revenir  en toute sérénité, et que ceux qui ne rêvent que de partir restent sans vivre la galère », Ainsi sonne le glas de la vraie révolution… que de vérité et d’interpellation !

 

Seulement une fois rentrée chez nous, la voilà confrontée au au rejet de l’étranger, le refus de l’acceptation de l’autre… « L’africain n’apprend pas vite » (page 45) .  Dans ce tourbillon d’incohérences entre les humains,  MARIAMA NDOYE s’enrichit, non pas de billets de banque mais d’expériences, de culture étrangère et de connaissances qu’elle partage dans son œuvre …

Emancipation de la femme ? On peut se permettre de dire que ce livre en donne un exemple palpitant et concret. Et cette fille, épouse, maman, grand-mère nous émeut par sa vie et les leçons qu’elle en a tiré. Nous retenons de cette œuvre toute la beauté des cultures et croyances que regorge notre monde ;on ne peut qu’être émerveillé lorsqu’elle parle avec amour du « garba » ivoirien, du boubou de l’Ethiopie, de la musique japonaise…du tapis tunisien…On comprend : c’est une femme de tous les continents.

Par moment, on se perd entre deux histoires, mais très vite l’auteur nous remet dans le bain par sa maîtrise des subtilités de la langue française. Ma foi, c’est un Chef-d’œuvre !

 

Atte N’tawo Sostene Letissia

D’Abidjan à Tunis de MARIAMA NDOYE

 



02/03/2014
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