LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Coup de gueule / Sur la route de la désolation ? Hommes de lettres, indignons-nous !!!

Il ne s’agit pas d’écrire un passage sillonné sur un champ de feuilles blanches pour être écrivain. A ce niveau, on est tous d’accord. Il ne s’agit pas non plus d’avoir gagné un succès commercial souvent presqu’irréprochable par pur hasard ou fantaisie du temps pour croire qu’on est écrivain, ou simplement qu’on est le meilleur.


Là aussi, il n’y aurait aucun doute si les critiques, avec l’honnêteté de l’esprit et le devoir de l’accompli, s’accordaient sur le débat le plus vieux de la Littérature à savoir « qui est écrivain ? » Il faut néanmoins préciser qu’il est possible d’être écrivain, le nom et la chose, et avoir un succès commercial sans râteau. On appellera donc « écrivain » l’auteur qui sait caresser une histoire comme le sourire à une fleur au milieu des épines, lui donnant une meilleure odeur et cette sensation molle à la mine, avec le désir vorace et pieux de l’achevé.

Et pour simple rappel – car il faut le souligner puisqu’on en parle rarement – même à défaut du talent incontestable, la plastique de l’auteur est un argument marketing de poids pour les maisons d’édition et pour l’auteur lui-même. Malheureusement en Côte d’Ivoire, on est encore à la représentation de l’écrivain (ou de l’auteur, tout dépend du contexte dans lequel on se trouve) tel un rien stéréotypée, comme à l’époque de Balzac dont le visage et la poche avaient la distinction des lignes de la misère et l’épopée. Revenons donc à notre sujet.

Ici, sans même avoir à arracher une dent à l’ange, on peut remarquer qu’un auteur qui publie un livre, même son premier, même avec des apparences de torchon, se vante d’être « écrivain », voire le meilleur. Exagération mise à part. Pour avoir mis un costume, même un démodé, on se prend déjà pour le directeur. Ici l’air prétentieux et la perfidie sont la couleur de nos tempêtes. Ici l’humilité brûle sur le feu. La voix du dernier de classe se fait entendre depuis le seuil de la porte d’entrée. Ici, le critique n’a rien à faire à part se voir tordre le cou pour avoir publié - par accident – un article presque vrai sur un « livron ». À cause de son majestueux travail abattu chaque jour pour libérer les lettres de leurs pleurs, de leurs plaies, le critique bave de toutes sortes de peines. Ici on accuse très souvent l’éditeur comme seul ou principal responsable du brouillon produit par l’auteur. Cela est-il juste ? En partie. Ou pas vraiment. Car voyez-vous, aujourd’hui en Côte d’Ivoire, est née une certaine catégorie d’auteurs, avec à la main, une jupe en lieu et place de la plume. Ce sont ces auteurs talentueux en langage sms, surtout bavards dans les scènes de ménage. Ils ont tout pour accrocher, tout pour « plaire », tout pour incriminer les hommes ou les femmes, le tout dans un style pleurnichard. Comment alors accuser l’éditeur de vice littéraire ? Ne sont-ils pas les premiers responsables de leurs carences littéraires ? Est-il juste de plaindre l’éditeur même si le dernier est une grosse pompe à ravaler vent et sous ? 

C’est vrai, il y a un principe de réalité économique, le souci de vendre le livre, surtout, de bien le vendre. De ce point de vue-là, oui, les écrivains ivoiriens devraient se réunir, se côtoyer, se rencontrer, et avec tous les critiques littéraires, créer irrémédiablement un cadre d’échanges et de corrections gratuites de manuscrits pour connaître l’exploit littéraire tant attendu de notre toute dernière génération. Ils devraient impérativement demander aux éditeurs – qui ne vivent que grâce à leurs plumes – de se doter de véritables attachés de presse, pas ces confitures qui rodent parfois autour de rien, des attachés de presse qui auront pour rôle de contacter, recontacter les médias, maintenir avec eux cette relation nécessaire et déséquilibrée. Aussi, faut-il que les écrivains entre eux, dans une organisation disciplinée, s’incitent à rencontrer les médias. Il faut qu’ils trouvent un espace littéraire pour célébrer le Livre avec trompette et luth, devant un écran adapté et des scénarios dument bien réfléchis, bien montés, avec des acteurs féconds et presqu’irréprochables.

 

Manchini Defela

 

 



09/07/2013
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