LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

COUP DE GUEULE / Le mauvais, le truand et le bon

 

Les temps ont changé. Le nouveau siècle nous offre l’occasion de rompre avec les vieilles croyances, les vieux clichés, les vieux préjugés, et les vieilles mythologies. Essayons, car il le faut.

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                  Macathy Aimisika

 

Voilà, depuis quelques années, la Côte d’Ivoire connaît un ministre de la culture digne de son nom parce que lui-même valeureux homme de culture. Bien sûr, écrivain talentueux, membre et ex-président de l’Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire, association qu’il a dirigée d’une rigueur complètement lavable, notre ministre – ou peut-être le ministère lui-même – affiche l’air radieux, le même qu’a montré ses prédécesseurs, où la littérature a toujours été considérée comme une activité de seizième zone, où la promotion de la lecture dans notre pays a nettement été la lamentable parodie d’une politique théoriquement brillante, mais qui a demeuré dans sa pratique, un noble mensonge. Et encore, le Livre dans toute sa dimension est resté comme une mesquinerie de luxe dont la place est dans les rayons de la librairie. Il  n’y a aucun doute, dans ces ministres, il y a un défaut : c’est qu’ils oublient – parfois – ce que vaut un livre...

 

Aujourd’hui 1,5/40 ivoiriens regardent avec les yeux le titre d’un livre en libraire, en rigolent quelques rares fois et s’en vont. La moyenne qui achète ne vaut pas 0,5. Bien entendu, c’est un drame de la société. Il ne faut pas se le cacher. Notre vie court vers la porte de l’ignorance et de la médiocrité. Et quand célébrer le Livre n’est pas éclaté et ouvert à tous car contigüe dans un pavillon de luxe, on se demande bien ce qu’on veut du Livre et des écrivains ! Voyez-vous, blague à part, quand dans un pays, plus de 46 000 bouteilles de bière locale est consommée en moyenne par jour seulement à Abidjan et pas plus de 26 livres – extrascolaires -  vendus en moyenne par jour en librairie sur toute l’étendue du territoire (mis à part les instants de dédicace qui même sont ternes et maussades, les périodes de rentrée scolaire où les parents et élèves se sentent obligés de répondre au baiser de l’éducation nationale), où va sa culture ? Pourtant… notre ministre est écrivain. Et bien, c’est toute la splendeur du mauvais dé.

 

Il paraîtrait encore que cette année est l’année du Livre. L’avez-vous constaté, vous ? D’abord, qu’est-ce que cela signifie ? Rien. L’année du Livre ? C’est toute la magie du non-sens. Le concept est la lumière même de l’instabilité littéraire. Ecoutez, le Livre est amovible, irremplaçable, il est capable de changer le monde et/ou de le défaire. Il a un giron qui peut accueillir des milliards de générations en même temps. Il a un baiser qui soigne aussi bien un genou écorché qu’un cœur brisé. Le Livre doit vivre, et doit être célébré chaque jour comme l’amour, comme la mère. Car dedans, il y a tout ce qu’attend une mère, l’astuce qui donne vie à l’amour. Alors… que les potaches se revêtissent de bleus lumineux ! Ici encore, il paraîtrait aussi que les éditeurs de la nouvelle génération ont commencé à améliorer la qualité des œuvres littéraires. Ah bon ? Comment ? Vraiment ? C’est bien beau tout cela, mais tant qu’ils n’engageront pas des critiques littéraires, des correcteurs rigoureux (pas ce seul vieillard fatigué et enceinte de calvitie comme on le voit dans certaines maisons d’édition), des attachés de presse qui savent exactement ce qu’ils ont à faire, des éditeurs qui se comportent absolument comme des promoteurs dignes de ce nom, il faudra arrêter de rêver. La foire du Livre est très loin de planter le décor. Et bien, c’est la maille du dé truand.

 

Souvent les femmes peuvent sauver le monde silicone juste avec un artifice décent et exceptionnel. Et bien, Marie-Catherine Koissy l’a réussi. Son cœur de pierre, mais de pierre précieuse, est devenu le chant frais à la bouche des écrivains et tous les amoureux et gens de Lettres de Côte d’Ivoire. Sauvés ? Oui ils le sont les écrivains ivoiriens. Leur vie n’est plus peine et haine. Ils vont enfin porter le diable vers la poubelle. Car voici, ils ont trouvé un espace de rencontre, de discussion, de promotion de leurs livres, de valorisation de leur image. AimSika sis à Angré 8ème Tranche qui a déjà accueilli une dizaine d’écrivains et qui reçoit ce vendredi Mathurin Goli Bi Irié auteur de LA LYCEENNE et HIDEUR DES TROPIQUES est bien l’espace magnifique qu’offre aux Gens du Livre notre Princesse à la fertilité pleine et entière, à la créativité mâle et au regard fin qui embrasse aussi espoir que conviction. Dépeindre cette femme au cœur de soleil, c’est aussi laborieux que dessiner un monde sans guerre. C’est vrai, sans poésie aucune, sa silhouette adorable empreinte d’un doux mélange de lune et de sensualité force le sourire même quand il nous manque. La volonté conjuguée à la délicatesse, la certitude, la force, la volupté, la spontanéité, toujours gaie, sous les ordres de personne sauf sur ceux du bonheur, MCK s’attèle depuis quelques mois à ramasser la motte de terre qui a noyé les attentes des écrivains ivoiriens. C’est une fleur, un cœur sans leurre, sacrément bien bâtie qui donne aujourd’hui de suaves couleurs à la littérature ivoirienne. Lui rendre hommage par ces quelques lignes est tellement maigre. Elle mérite plus que ces petites lettres trop simplistes. Incontestablement. Sans théorie, elle se bat comme une lionne pour sortir les écrivains de leurs pleurs quotidiens. Parce que c’est désormais connu, c’est devenu un scoop d’affiche publicitaire, l’écriture n’appelle ni mécène ni promoteur, ni même le regard du ministère de tutelle. On se croirait dans une forêt quelque part en Amazonie où la lecture et l’écriture sont presque des théories de mauvaises haleines. Sans exagération.

 

Aujourd’hui, si le Livre vit, MCK est une étoile qui y contribue énormément. Son grain de sucre pèse plus que toutes les promesses politiques. Il vaut un météore. Et cette dame vaut l’or jaune à féliciter, toujours, et toujours. Désormais, ne passez pas la 8ème Tranche sans aller donner un baiser à MCK. C’est notre Madame 2013. C’est le BON dé !

 

Manchini Defela  

  

In le Nouveau Courrier du 19 juillet 2013   

 



23/07/2013
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