LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

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Coup de gueule / Entre les télévisions sénégalaises et la télévision ivoirienne : un soir au pays ou la télévision ennuie

Il roucoulera le vent avec sa garce et son menton commis. Il ne s’arrêtera pas tant que le soleil restera au milieu de son midi. Et on espère que, sorti de sa cage, nous écoutera la voix du sage. Parce que la canicule continue de faire trop d’ébats ! Et elle n’arrive jamais la fourchette du printemps. Trop de compassion ! Et aucune action ! Et c’est le gag bien vêtu ! La télévision ivoirienne ennuie parfois plus qu’elle n’égaye. Au point où l’envie d’allumer son poste téléviseur fuit l’esprit les jambes à son cou. Ce n’est pas insulter la vérité. C’est comme cela et nous le savons tous.

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Plus notre télévision prend de l’âge, plus elle devient pénible. Comme ces vieillards qui poussent la terre avec leurs seuls cheveux gris… Nous n’allons pas critiquer l’ensemble des programmes, ce serait trop prétentieux. Ici ce qui nous intéresse, c’est bien la part faite au Livre.

 

Là-bas, pas très loin, au Sénégal précisément, la tyrannie est allée avec Morphée, loin quelque part. Et la libéralisation du secteur a ouvert ses bras depuis quelques étoiles. Au-delà de la télévision nationale RTS, plusieurs télévisions privées émettent avec dextérité. Et elles font tout pour ne pas déplaire, ni pousser le diable dans les téléspectateurs… De toutes les émissions littéraires plus ou moins connues, trois immanquables font la fierté du Livre dans ce grand Sénégal : Le Grand Rendez-vous, Impressions et Entretien. Ces trois émissions au caractère de nombril accrochent plus d’un monde. Les lundis, mardis, mercredis et samedis, la population sénégalaise est bien servie, et bien instruite. On pourrait zapper ici et là, pour suivre l’un après l’autre ces chants de verbes et d’analyses tranchantes. C’est vrai, le Livre n’est pas la thérapie du monde, mais il contribue à le changer, à lui donner un visage plus humain. Parce que la connaissance est dans le Livre. La vie y est. Du roman à la poésie, du théâtre à la nouvelle, ces subtils animateurs et critiques littéraires redonnent vie à la Littérature sénégalaise. Ils plaisent ! Ils s’amusent ! Ils parlent franc de collier ! Ils passent de la lettre morte à la lettre vivante ! Et ils vendent la littérature comme on vendrait la neige dans le désert. Et le tout est tellement formidable.

 

Ici, on a comme le citron pressé ! ça paraît dur, mais à regarder de près, c’est une vérité qui ne ment pas. Ici on adore la procrastination. On jure sur l’inutile. On fait passer l’arme de guerre, on oublie les chants de paix. Ici, la télévision est seule, toute seule. En fait, nous voulons dire qu’elle est unique. Elle n’a ni sœur, ni cousine. Ne parlons même pas de proche ou petit-ami.

 

Et même quand ses parents se succèdent par ces mémorables cascades politiques et urines électorales, elle demeure la même. Elle ne change pas. Elle énerve. Elle fait ce bruit qui demande d’aller sur l’autre chaîne étrangère. Mais encore, elle aurait du charme et donnerait quelques frissons si elle savait choisir de bons conjoints. Hélas ! Une chaîne nationale, bien d’une nation, qui n’a aucune émission Littéraire, c’est un pays à sujet ! Et s’il vous plaît, épargnez-nous des virgules hasardeuses qui prennent inutilement de larges plages horaires, et qui étouffent, énervent nos regards. Parce que ce ne sont pas des émissions littéraires ça ! C’est de brillantissimes pièces de théâtres qui sont sans intérêt il faut le dire. C’est dur ? Non, croyez-nous, c’est juste comme le sel dans la mer. Surtout quand ceux/celles qui la présentent ne s’y connaissent même pas.

 

Ici, la poésie c’est le guignol. On ne la connait pas. Donc personne ne la célèbre, personne ne célèbre ceux qui se fracassent les neurones pour la faire. Et ceux qui font la poésie savent que leur casting est noyé. Et dangereusement, on apprend aux enfants que c’est une discipline seizième de classe, pas très utile, et qui ne sert à rien d’autre qu’à être récitée et jetée à la poubelle quelques années après. On la torture. On l’enterre vite une fois le bac en poche. Et la télévision au banc des accusés, un soir de saison sèche, quelle minuscule poésie ? Ici, les critiques littéraires sont mal vus. Leur travail aussi. Même le ministère de la Culture les ignore. Quelle télévision pour les appeler à servir sur un plateau ce qu’ils savent faire de leurs regards et de leurs plumes ?

 

Cette comparaison n’est pas anodine. Elle a toute sa splendeur, toutes ses couleurs. Elle mérite juste d’être lue, entendue et bien appréciée. Que la télévision ivoirienne se déclasse des fantaisies et programmes posthumes pour arriver à fleurir davantage le peuple. Et une petite émission littéraire avec des professionnels du Livre reste une pépite à explorer.

 

Manchini Defela                



21/11/2013
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