LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Coup de gueule / DEBOUT, ET TRAVAILLONS A L’UNISSON !

 Le dévergondage et plus particulièrement les infractions traduisant un manquement de certains écrivains à leur devoir de probité lèsent la collectivité en son entier. Dès lors, faute de victime individualisable et d’actions de résistance, la main mégalomane du diable aidant, comment est-il possible de rester unis, forts si une partie des écrivains – ces abonnés invisibles aux réunions et jubilations de l’Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire (AECI) – se font pousser des barbes à la place des cheveux, avec le soutien de certaines autorités ivoiriennes ?

Comment croire que des associations créées soudain sur des paris hasardeux et des tirages au sort contre nature, jouant le même rôle que l’AECI, peuvent-elles agir utilement à œuvrer efficacement pour la culture du livre sans lui marcher dessus, sans la casser ? Pourquoi des écrivains se donnent-ils du mérite en créant des voies annexes menant sur la piste du Château ? Questions idiotes ? Dérive sectaire ? Peut-être.

         Mais ces questions demeurent entières. Sans doute, voir les écrivains unis autour de l’AECI est le rêve de ceux qui « aiment le manioc » – entendez par là, ceux qui aiment la littérature ivoirienne. L’AECI souffre depuis sa création ; les premiers ont fait comme ils ont pu – même s’il n’est pas faux de noter au passage que certains ont fait des mandats troubles, d’autres sont passés comme du vent - l’actuel, ce brave, se bat comme il peut pour, chaque mois, réunir deux ou trois écrivains autour d’un thème inédit – c’est relatif, car dans tous les cas, les thèmes qu’il choisit n’intéressent jamais personne. On trouve qu’ils lassent et endorment, qu’ils ne posent jamais les véritables problèmes des écrivains et de leur association. Tout le monde y vient donc pour une certaine raison, pour payer une certaine dette ou pour y perdre un peu de son temps avant d’aller à un rendez-vous. Voyez-vous, ces écrivains ivoiriens donnent exactement l’impression de ne pas aimer la littérature, cette passionnante jeune Fille aux jambes de montagne… Bref. Parce qu’elle déçoit depuis 28 ans sans que personne ne lève le petit index, parce qu’elle marche avec des cannes, certains écrivains fourmillent dans leurs doigts, dans leurs têtes, sans son aval ni l’avis de son bureau ou de ses membres, la création d’associations pour la promotion du livre.

Vieille, triste et pauvre idée, menaçante, dégradante et pourvoyeuse égoïste d’or. Faute d’être du bureau de l’association pour œuvrer à l’émergence de la culture du Livre, poste spécial les habilitant à agir, croit-on, certains écrivains, avec leurs associations de nuit se prévalent un statut de défenseur du Livre et de la culture ivoirienne. Faut-il les croire ? Bien, répétons-le. Sans aucun doute, ils sont très rares les écrivains ivoiriens qui adorent la littérature. Parce que leur égoïsme est pieux, ils sont prétentieux même quand ils sont laconiques et se croient déjà très forts dès la parution de leur premier livre, même quand c’est un torchon comme c’est le cas de nombreux livres aujourd’hui. Aucun besoin donc de se rapprocher les uns des autres pour acquérir des conseils et parler de littérature autour d’une tasse de thé. Tout est dit : ils savent tout, pas besoin de leçons, pis, si cela est d’un critique.

L’autre aspect, et non le moindre, c’est que la pauvreté est bavarde dans leur rang, elle est encore plus cocasse dès qu’elle les sent. S’ils n’ont que leurs livres pour vivre ou survivre - ce qui est très rare -  il n’est pas agréable de les rencontrer dans la rue. Votre journée peut être gâchée. Tant la surprise pourrait provoquer chez vous un dégoût si ce n’est que peu… Alors, quand on connaît ce monde, quand on sait que l’association mise en place depuis maintenant 28 ans par ces écrivains fonctionne avec l’étiquette d’un anonymat déchirant dans un pays où le Livre, dans un souci de prophylaxie, joue un rôle à priori de dernière de classe, pourquoi ne pas craindre l’atterrissage des vautours, eux qui ont un sac d’or alors que, pour la plus infime manifestation, l’AECI et son bureau sont obligés de caresser leurs poches ?

Et si on réfléchissait tous ensemble à une image nouvelle de l’AECI… Et si on faisait tous des propositions d’activités scintillantes pour la voir meilleure, pour la voir Dame comme on l’a toujours rêvé… Et si on taisait nos idées égoïstes pleines de sous-entendus que seuls nous sommes habilités à comprendre pour servir cette association au cœur de l’agonie… Attention, le miel coule !

Manchini Defela

 

In Le Nouveau Courrier du 12 avril 2013

 



15/04/2013
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