LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Coup de gueule/ Burida : un « mur fou » pour les écrivains ivoiriens ?

Non, ce n’est pas une blague de potaches, c’est une affaire grave voire très grave. La roue croule. Le vide et/ou le tort se sent de partout. Il faut sauver la soldate Littérature !!! Car sa came à la main, elle trémousse toute seule, sans musique, sans élan, avec son propre chant, un chant triste qui appelle à la regarder. Un peu quand même. 

 

Si l’espace professionnel est ouvert comme la crête d’un immeuble, et que les écrivains n’y ont pas véritablement accès, à quoi bon ? Ou bien le BURIDA (Bureau Ivoirien des Droits d’Auteurs) n’existerait que pour les autres ?

Quant à sa décoration murale, franchement il n’y a rien à dire, le BURIDA brille pour tous les artistes de Côte d’Ivoire. Parce que chacun s’y retrouve. Le tableau dessine un appel éminent aux auteurs quand bien même en être membres – pour les écrivains bien entendu – est comme escalader les montagnes pour accéder aux portes du paradis. C’est vrai, et c’est normal, toute œuvre originale doit jouir automatiquement de la protection d’un droit d’auteur. Mais quand les talus pour y arriver sont interminables, les bouchons tonitruants, les pièces à fournir un long chapelet… n’est-il pas mieux de lancer les canons avec nos chers éditeurs quoique parfois déconcertants ?   

Vous là-bas, qu’a-t-il un écrivain ? Ou vous l’ignorez ? L’écrivain est un pauvre compatissant – faisant surement fi de ses herbes bronzées et de sa situation reprochable – qui donne tout, même sa barbe, pour rendre meilleur le monde plus qu’il l’a trouvé. L’écrivain, c’est le contrefait qui se plaît dans le personnage ridicule auquel la société ne veut pas ressembler. L’écrivain, c’est l’altesse qui noie la société dans la stupeur, l’avertit, la guérit. Il n’a pas d’argent, non qu’il n’aime pas – mais a-t-il le choix quand l’éditeur et le libraire n’attendent que lui pour avoir un chiffre d’affaire ? - il n’a que sa plume pour seule richesse. Alors, à quoi bon demander à un tel personnage de payer 36 000 et/ou 75 000 francs pendant une période de trois ans renouvelable pour - simplement – protéger son œuvre ? Ou même 10 000 francs pour devenir simple membre ?        

Sur les peines elles-mêmes, il est évident que les responsables du BURIDA sans doute ne peuvent plus se réfugier derrière le concept de l’impartialité du droit d’auteur. Quel paradoxe que ce mur fou qui fissure cette belle façade républicaine de l’égalité des artistes ! A tout le moins, le BURIDA, bourré d’écrivains – ben si on veut - ne peut décemment pas se targuer d’impartialité vis-à-vis de tous les artistes de notre pays. Parce que les réalités sont différentes à tous les niveaux. Si l’écrivain est un artiste dans le fond, qu’en est-il de la forme ? Question stupide ? Exhibition ? Non. Même pas. Et l’écrivain comprend désormais mieux son empressement à mettre en examen cette balade, récit d’incrédulités, avec laquelle il aura à la fois – et c’est sûr - un profond contentieux et donc à la lumière de cette raillerie, un vrai problème personnel, sans compter les charges abusifs souvent impossibles à réunir. 

Cependant, l’effet de miroir pourrait nous donner quelques pistes de solutions. Bien sûr si on veut. Prenons l’exemple suivant. Au Sénégal en vérité - comme dans de nombreux pays - le coût le plus faramineux de l’enregistrement d’une œuvre pour les écrivains est leur simple signature, celui pour devenir membre du BSDA (Bureau Sénégalais du Droit d’Auteur), c’est deux livres, une copie du contrat « parfois dérangeant » passé avec l’éditeur, 4 photos d’identité, et la signature. Avez-vous vu quelque part une certaine maille à payer ?

Jugez-en vous-même. Car ce pilori « noir » évidemment aurait pu faire sourire s’il était organisé de sorte à vouloir sincèrement protéger les artistes et créateurs. Les écrivains ivoiriens à cet effet devraient revoir les procédures – semblent-ils coriaces – afin de faciliter l’accès à cette chambre dit-on inaccessible à bon nombre d’écrivains.

Manchini Defela

in Le Nouveau Courrier du 7 Juin 2013



08/06/2013
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