LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Coup de gueule : ah, donc il y aurait des milliards pour les écrivains ivoiriens ???

Nul doute, ou presque, l’oppidum est surement tombé dans un méandre de fleuve. Ou peut-être, si nous nous trompons, il se pourrait que la mémoire se prépare désormais au voyage vers la kermesse de la raison. Ainsi, nous voilà descendus au pied du décor ! Ah, et donc il aurait autant d’argent pour les écrivains ivoiriens ??? Que nenni, du relou et du rimbou.



Parce qu’il ne faut pas se leurrer. Ni encore moins mélanger les choses, les gens, voire les genres. Non. Dans la tête de nombreux ivoiriens, la télévision ayant bien enfoncé le clou, est artiste, celui qui tient un micro pour chanter même « des patates sur le feu », qui passe à la télé même une seule fois l’année, claque son fric dans les rues aux vues et aux sus de tous comme s’il n’avait pas d’avenir à préparer. En un mot, l’artiste c’est le chanteur… et danseur qui passe sur nos écrans de télévision.  Ce n’est pas là l’image d’une définition en deuil. Non. Bien sûr que non. Cela s’agite et se comprend aisément de cette façon sur nos tropiques.

Alors, en se fondant sur les mémoires du temps - dont ceux de notre incontournable saint ministère - et en utilisant un style en phase avec l’époque dépeinte, le FSCCA (Fonds de Soutien à la Culture et à la Création Artistique) nous brosse ici l’une des plus marrantes biographies qui aient jamais été écrites sur les enfants adultérins de Dame Culture que sont ces écrivains. Parait-il, il y aurait pour les écrivains un fond – immense - à l’aide pour la réalisation de projet politiquement culturel et artistique.

Et bien, ce fond doit dormir longtemps au bord des rivières. Car rassurez-vous, la petite pépite, cette toute nouvelle, s’attache ici à nous décrire les enfants nés de la Culture qui fait entrer des recettes à l’Etat et celle qui incarne aujourd’hui le masque du progrès : la musique, seul vrai grand personnage de la vie à la Cour avec ses secrets, ses intrigues. Voyez-vous, la vérité historique qui fourmille de citations et de références intéressantes ne laisse aucune place à notre chère littérature, soit, dit en passant, l’enfant oublié de Dame Culture, souvent sans cœur ni peur, l’abandonnant sans ébat même quand il pleure. En vérité, sujet rarement abordé, les écrivains, toujours comme ces bons derniers de classe, même avec leurs rares talents, leur documentation rigoureuse et leur don sacré de s’incarner dans la vie, d’en épouser la pensée, la parole, devraient savoir le sort qu’il leur est légitimé peu après leur naissance.

Les écrivains sont-ils vraiment concernés par ces fonds ? Ont-ils vraiment et sincèrement leur place dans ce long métrage brillant où chaque acteur doit impérativement savoir jouer au luth ? Questions indigestes ? Et pourtant on a franchement du mal à y répondre. Intrigue ? Complot ? C’est le lieu du pouvoir, de la gloire, de l’argent… Des milliards dans la caisse de notre ministère, octroyés par l’Etat de Côte d’Ivoire pour les Artistes de notre pays, et des écrivains informés à compte goutte, sinon presque jamais, comme ces oubliés après une muraille volée en éclats.

Jamais, depuis la construction de l’expression du Livre comme Culture, comme Civilisation, qu’ils ont eux-mêmes dits avoir vue de la lune, aperçue au milieu des doigts de la destinée du monde, jamais on n’a construit de frontière policée passant au beau milieu, sans qu’on aille chercher une montagne pour la mettre, aussi abstraite que la raie d’un trou. Et quand de grands fleuves charrient les petites pierres, tout devient si amer. Vivement le beau temps, qu’on nous prenne au sérieux, qu’on nous dise la vérité. Surtout, croyez-le, les écrivains sont une Fleur au milieu des candeurs, un soleil au milieu des merveilles.

Manchini Defela

in Le Nouveau Courrier du 31 Mai

 



02/06/2013
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