Tempête sur Abidjan de Marie Hélène Amagoua : L’amour dans ses oscillations
Tempête sur Abidjan est un roman sentimental publié aux éditions Dagan par Marie-Hélène Amangoua-Grujon, en 2012. L’auteur qui est à son premier roman situe son histoire à Abidjan.
Tania et Djeneba sont deux jeunes abidjanaises liées par une longue amitié que rien ne semble pouvoir ébranler. Un homme surgit inattendument dans leur espace intime et voilà que le mur de leurs rapports se fissure. Le destin, impitoyable, semble rire. Les deux cœurs battent pour le même homme. Un homme aux allures d’Appolon : Paul Tagbo. Tania et Djeneba sont belles à croquer. La première est une « gazelle longiligne et gracile » ; la seconde, une beauté tonitruante, « paraissait moins que ses 28 ans ». Paul Tagno, séducteur devant l’eternel, ne peut laisser passer une telle occasion. Mais il doit faire un choix selon ce que lui dit son cœur. Son choix est sans appel. Son amour s’appelle Tania pour le grand malheur de Djeneba qui a été pourtant la première à faire de l’Apolon, un « ami ». Pour Tania, il n’est nullement question de se résigner. Les moyens qu’elle met en œuvre pour conquérir Paul Tagbo ne font pas dans la dentelle. Elle sort la grosse artillerie : fétichisme, envoûtement et hypocrisie. Que ne fera pas une jeune fille jalouse et amoureuse pour écarter la rivale encombrante ?
La vie des deux jeunes femmes se retrouve mêlée dans un engrenage impitoyable. Une lutte cruelle s’engage entre elles. Djeneba brûle de jalousie. Tania brûle de désespoir de ne pouvoir jamais donner un bébé à son bien aimé. Tout semble indiquer qu’elle est frappée par une malédiction. Le couple que Paul et Djeneba forment a du mal à apprivoiser le bonheur.
Le roman d’Hélène Amagoua est certes un roman sentimental. L’idylle qui est contée est cependant une odyssée douloureuse mettant aux prises Dieu et le diable, les ombres et la lumière, le bien et le mal. Les personnages qui s’agitent sous nos yeux se battent d’une façon ou d’une autre pour trouver la plénitude. Mais la quête est pénible, âpre. Dialectiquement, il y a en face les intérêts d’autrui. Rapidement, le lecteur est pris de vertige. Il découvre l’amour sur des facettes sombres. Quand une femme aime un homme, elle ne se soucie guère du sort de sa rivale fut-elle sa meilleure amie, semble nous dire l’auteur. Heureusement que le bien prend toujours le dessus sur le mal. Un happy-end… Une fin à l’américaine pour le bonheur des lecteurs.
Djeneba, qui a remué ciel et terre pour calciner le bonheur de son amie, trépasse au moment où cette dernière met au monde un bébé. La mort cède la place à la naissance. Le départ fait place à l’arrivée. C’est la vie. Dans la complexité de ses oscillations et ses modalisations.
« Tempête sur Abidjan » est aussi une tempête de plaisir, de scènes érotiques bien enlevées, de douleurs, de pièges. Avec une plume suggestive, souvent crue, sans jamais succomber aux obscénités faciles, Marie-Hélène Amagoua, a réussi à bâtir une histoire d’amour pleine de leçons de vie.
Macaire Etty
in Le Nouveau Courrier du vendredi 18 juillet 2013
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