LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

RENCONTRE AVEC JOSUE GUEBO, Le nouveau Président de l’AECI

 

Depuis le 17 Décembre 2011, l’Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire (AECI) a un nouveau président. Ses prénom et nom : Josué Guébo, Poète et Nouvelliste de talent. Dans cette interview, le nouveau patron lève un coin de voile sur ses ambitions pour l’Association. Derrière chacune de ses réponses….des éclairs d’esprit. Un joli cadeau de Noel pour tous les amateurs des belles lettres…

 

 

Si vous êtes bien connu dans les cercles littéraires, de nombreux Ivoiriens savent peu de choses de vous. Alors si on vous demandait de vous présenter...

Je dirais simplement que je suis Josué Guébo, écrivain ivoirien.

 

Sur le plan purement littéraire, qui est Josué Guébo? Que représente-t-il en CI?

 

Au plan littéraire, je suis pour l’instant essentiellement poète. Quatre œuvres publiées à titre personnel et deux œuvres à titre collectif. L’on m’y retrouve sous le jour du nouvelliste. Ce que je représente en Côte-d’Ivoire, seule la Côte-d’Ivoire peut vous le dire. Je n’ai pas mandat de parler en son nom (rires). Pour ma part, je me considère comme un citoyen ordinaire.

 

Aujourd'hui, vous êtes élu président de l'AECI, quels sont vos premiers sentiments?

 

 

Je mesure l’intérêt de la confiance qui nous a été faite mais aussi la taille de la tâche qui est celle notre équipe. Cela me permet de faire l’économie de la chorégraphie.

 

Pourquoi avez vous voulu à tout prix diriger cette association?

 

Il n’y a aucune obsession. Il y a juste une claire conscience des intérêts de la littérature ivoirienne, une certaine opinion de mon pays et la volonté de le servir, dans la mesure de mes possibilités. 

 

A votre avis qu'est-ce qui a été la principale difficulté du président sortant?

 

 

Je ne suis pas sûr d’être autorisé à parler au nom du président Foua. Je ne peux donc  que vous ramener aux difficultés qu’il a lui-même évoquées devant le congrès. Elles ont pour nom essentiellement, manque de financement, incompréhensions…

 

Pensez-vous que les écrivains dans leur ensemble lui ont apporté le soutien dont il avait besoin?

 

J’ai des raisons de croire que les écrivains ivoiriens sont solidaires. L’AECI a aujourd’hui un quart de siècle. Elle n’aurait pu subsister par l’effort d’un seul. La solidarité a nécessairement prévalu. On peut juger, de manières diverses, l’ampleur ou l’intensité des apports, mais la survie d’une association est toujours la marque tacite d’un effort solidaire.

 

 

En dehors du gouvernement, sur quelles aides extérieures vous pouvez compter?

 

Nous pouvons d’abord compter sur nous-mêmes. Cela nous parait important. l’AECI foisonne de capacités et cela nous parait être essentiel. Au plan strictement financier, nous sommes en discussion avancée avec un nombre important de mécènes. Avec chacun d’eux nous entendons nouer un partenariat responsable.

 

Concrètement, quels sont les changements que vous voulez apporter à l'AECI?

 

Nous voulons optimiser les acquis de notre espace littéraire. Les ateliers d’écriture que nous envisageons dans un très proche avenir participent de ce dispositif.  Nous voulons dans la même veine  donner une portée événementielle accrue au livre en Côte-d’Ivoire, renforcer la littérature enfantine, la littérature féminine, sans oublier les autres compartiments. A terme, nous devons permettre à nos écrivains de vivre de leur art. Cela est réalisable.

 

Quels rapports envisagez-vous établir avec un partenaire important comme la RTI ?

 

Les discussions avec la RTI sont très avancées. Elles ont débuté sous mon prédécesseur. Il n’est plus que question de derniers réglages.

 

Les écrivains dénoncent souvent le peu de transparence et le peu de professionnalisme dont font preuve les maisons d'édition en CI. Que comptez-vous faire sur ce point précis ?

 

Si l’on demande l’avis des éditeurs, je suis convaincu qu’eux aussi auront leur chapelet de récriminations à égrener. Nous défendons les intérêts des écrivains mais ne comptons pas le faire sur la base d’un corporatisme obtus. Pour nous, il s’agit de reprendre le fil du dialogue qui a pu être rompu, à un moment où un autre avec ces deux maillons de la chaine du livre que sont les éditeurs et les écrivains. Je suis convaincu qu’une AECI plus solidaire devrait permettre à ses membres d’être plus forts isolément.

 

La problématique de l'aversion des Ivoiriens pour la lecture se pose toujours. Avez-vous des solutions?

 

Les hommes d’un pays reflètent toujours les cadeaux qu’ils ont reçus à l’enfance. Ceux de ma génération ont reçu des ballons et des pistolets. Nos parents ont aujourd’hui l’écho de leurs dons. Je ne pense pas qu’à Drogba en le disant. Je le dis parce que la littérature enfantine me parait être un moyen important de remédier à la disette littéraire dont nous sommes victimes. Si nous voulons être une société respectueuse de la littérature, il nous faut élever nos enfants aux valeurs du livre. Et cela me permet de lancer ce cri de cœur  à l’endroit des parents, en cette veille de noël. De grâce, offrez, pour la noël,  à vos enfants un ou plusieurs livres. Vous aurez fait œuvre utile et pour vos enfants, et pour vous-mêmes et pour votre société ! Que ceux qui ont les moyens d’offrir des vélos, des voitures, des PSP et autres gâteries, sans doute, utiles, n’oublient pas d’adjoindre à leur paquet, des livres de Fatou Kéita, véronique Tadjo, Tanon-lora … Il faut que le père noël ivoirien cesse d’être  édenté au plan littéraire. 

 

Revenons un peu au créateur que vous êtes. Vous êtes connu comme un poète. Qu'est ce que cela veut dire?

 

Cela veut dire que je crois en la capacité créatrice des mots, cela signifie que j’ai choisi de célébrer la beauté. Cela signifie aussi que je crois en la poésie comme épine dorsale de tout acte de création. Ce que les spécialistes appellent la littérarité d’un texte n’est que variante référentielle de la poésie. Tout texte littéraire l’est de par sa teneur en poésie. La poésie c’est la recherche de l’harmonie. Pour autant qu’un texte soit soucieux d’intelligibilité, il a un devoir d’harmonie. C’est l’un des virages auxquels la poésie attend de tout texte. Nous ne devons donc pas dire « poésie, je ne boirais jamais de ton eau » !

 

Que représente la poésie dans un monde politisé et porté sur la satisfaction immédiate des besoins physiques?

 

La poésie représente la poche d’humanité, le refuge de l’esprit dans la pagaille de la matière sacralisée. A ce titre, son rôle cesse d’être de l’ordre de la seule urgence, il s’offre à l’aune du nécessaire. La matière ne peut pas avoir la matière sur l’esprit. Je vous le répète, l’or n’a jamais été un métal.

 

Vous êtes le président de l'AECI. Quelle est la place de la CI dans la littérature africaine, selon votre appréciation?

 

Un rôle important, je pense. Mais ce rôle est principalement d’ordre historique. On ne peut évoquer la genèse la littérature africaine sans faire allusion à des classiques comme Bernard Dadié, Aké Loba, Charles Nokan. Nous avons aussi des Grands prix Littéraires d’Afrique Noire, tels que Adiaffi, Tadjo, Bandaman, Kourouma etc. C’est une chose positive. Mais je pense qu’au regard de l’actualité de la littérature africaine, la Côte-d’Ivoire n’est pas forcément la plus enviable. Nous devons redoubler d’ardeur  pour être conformes à notre héritage historique

 

On ne peut parler de création littéraire sans évoquer la critique littéraire. Cette activité semble marginale en Côte d'Ivoire. Avez-vous des projets dans ce sens?

 

Oui nous avons prévu la Scola Scripta, un programme qui prévoit outre des modules de techniques d’écriture, une formation à la critique littéraire. L’AECI considère le critique comme allié objectif de l’écrivain.

 

Y a t il une question que je n'ai posée à laquelle vous aimeriez répondre? Quelle est la question et quelle est votre réponse.

 

J’aurais bien voulu répondre à la question de savoir ce que je pense de votre quotidien. A une telle question, j’aurais répondu qu’il est un journal sérieux qui mérite nos encouragements. Bien à vous.

 

Merci M. le président.

 

C’est moi qui vous remercie.

 

Interview réalisée

Par ETTY Macaire

 

Cette interview a été publiée dans le quotidien ivoirien LE NOUVEAU COURRIER du 23 décembre 2011

 



23/12/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 284 autres membres