QUI EST LE NOUVEAU PRESIDENT DE L'AECI ?
L'AECI (L’Association des écrivains de Côte d’Ivoire) a un nouveau président : Josué Guébo. Il est le sixième président de l’Association. Il vient pour que la flamme allumée par ses prédécesseurs que sont Paul Ahizi, Tanella Boni, Josette Ahondjo, Bandaman Maurice et Foua Saint Sauveur ne s’éteigne pas…ne s’éteigne jamais. Au moment où il prend les rênes de l’AECI, nous redécouvrons l’homme, le poète, le président…
Josué Guébo, un candidat organisé
La campagne pour prendre la tête de l’AECI, il l’avait préparée sérieusement. Pour les observateurs, il ne pouvait pas ne pas gagner. Des idées il en avait, des ambitions également. Avant le jour du Grand Choix, il avait pris le soin de distribuer en 21 points les grandes lignes de son programme :....assurer au livre ivoirien un rayonnement international…faciliter la traduction des œuvres dans les principales langues mondiales… encourager l’étude universitaire et scolaire des œuvres produites par les membres de l’association…instaurer des ateliers mensuels d’écriture… initier des sessions de formation à la culture générale… œuvrer à l’émergence de résidences d’écriture… et encourager la création d’espaces de réflexion littéraire… promouvoir la parité. Il s’agira, pour nous de favoriser une plus grande implication de la femme dans l’activité littéraire… élaborer une anthologie numérique interactive… offrir à l’activité littéraire une portée événementielle accrue… renforcer la coopération avec le monde des médias… promouvoir un développement sectoriel du livre… instaurer une saine émulation par l’édification de prix… instaurer une saine émulation par l’édification de prix… créer un prix de l’innovation stylistique… promouvoir la littérature enfantine… apporter un appui hardi à la publication des manuscrits en souffrance…etc. « Le programme est bien élaboré, sérieux, riche » avoue le Pr Boa Thiémélé Ramsés. Auguste Gnaléhi, journaliste et critique littéraire ne dit pas autre chose : « Guébo est intelligent et plein d’idée ».
L’homme, ses défauts et ses qualités
Josué Guébo est né à Abidjan en juillet 1972. Il est originaire de la cité Djibois. Il est marié et père de trois enfants. Mais toutes les fois que la question de savoir « qui est Josué Guébo » lui a été posée, le nouveau président de l’AECI a répondu qu’il était simplement un écrivain ivoirien. Pudeur ? Goût du mystère ? Obsession du secret ? Une chose est sûre : Josué Guébo n’est pas du genre réservé et mesuré. « Guébo est fougueux, communicatif, expansif » clame Serge Grah l’un des écrivains qui l’a soutenu jusqu’à la victoire. Il est comme un torrent, il a besoin de mouvement, de mobilité et de sonorité. Il est comme un pur sang arabe, il est du genre à ne pas se laisser faire. Tel une marmite au feu, il bouillonne de son trop plein d’idées bouillonnantes. Et l’humilité n’est pas sa plus grande qualité. Sont-ce des défauts ? Bien sûr que oui. C’est Homère qui écrivait : « Pauvre fou, ta fougue te perdra » (L’Illiade VI). Mais chez Guébo, ce sont certainement des qualités. Et c’est assurément pour l’une de ces raisons que ses pairs n’ont pas hésité à lui confier les rênes de l’Association. Car une âme introvertie aurait du mal à exprimer les attentes et les besoins de l’association. Auguste Gnaléhi corrobore : « Josué Guébo est jeune, intelligent et fougueux…il peut apporter un sang nouveau à l’association ».
L’universitaire et le poète
De surcroît, ce ne sont pas des repères lumineux qui manquent dans sa trajectoire de quêteur d’étoiles. L’ancien pensionnaire du CEG de Bassam est un universitaire, il est docteur en philosophie. Le Professeur Boa Thiémélé Ramsés est convaincu qu’il « est un brillant épistémologue ». Mais dans l’âme, Josué Guébo est un poète, un musicien, amoureux d’harmonie et de mélodie. C’est naturellement qu’il se « marie » avec la guitare pour étancher sa soif des plaisirs supérieurs que seule la musique, la bonne musique, offre. S’il est nouvelliste et parfois critique d’art, Josué est surtout poète. Pas parce qu’il a publié des œuvres poétiques. La poésie, il la porte dans le corps. Avec les mots, il entretient des rapports étroits, passionnés, charnels. Il les aime, il les manipule, il les exploite. A défaut de les « posséder », il les accouple entre eux sans pudeur, avec une aisance déconcertante donnant jour à des « expressions bâtardes » à faire pâlir les intégristes de la langue. Il lui arrive de ratatiner les mots, de les compresser, de recourir à des ellipses pour dire son plein d’émotion. C’est bien lui qui disait « Un mot n'est jamais aussi explosif que comprimé !... » (Magazine "Point de Lecture" no 6 mai 2010). Le Pr Boa Thiémélé ne tarit pas d’éloge à son endroit : « Guébo est un bon poète, un vrai…Son atout principal est qu’il a une bonne maîtrise de langue française ». L’auteur de Mon Pays Ce Soir, en effet, manie l’ironie et l’humour avec une spontanéité incroyable et adore les formules saisissantes. A Yehni Djidji qui lui relevait que les Ivoiriens ne lisent pas, il répond avec ce tour d’esprit qui fait les grands communicateurs : « On ne peut pas dire une telle chose du pays qui a quand même inventé la technologie électorale et la titrologie. Vous savez, nous sommes une nation savante. Il se fait juste que nos universités sont passées de la bombe lacrymogène à la bombe tout court. C’est un progrès intellectuel que tout homme bien-pensant saluera, tu en conviens. ».
L’avis des exégètes sur la poésie de Guébo
Les spécialistes qui ont goûté à sa poésie ont salué son originalité et son talent à briser les stéréotypes. Bien qu’écrivain engagé, il refuse de tomber dans le piège du tract et de l’invective. Son amour pour l’Afrique lui arrache des poèmes ardents. Evoquant son livre Carnet de Doute, l’immense poète camerounais Paul Dakeyo disait qu’il n’est pas « un recueil de tranquillité poétique, mais bien un vibrant appel à revisiter l’histoire africaine pour mieux se projeter vers de nouveaux temps de soleil « au socle impavide » ». Marc Laurent Turpin qui a eu l’honneur de préfacer « D’un Mâle quelconque » écrit : « L’encre de l’auteur …transcrit des sentiments qui appellent la participation du lecteur à leur décodage. Guébo puise dans ses nasses un lexique imagé et simple qu’il place au centre de son écriture, accommodant ainsi à sa propre imagerie des critères universels capturés à la source de la pensée même…la poésie de Guébo dans sa forme imagée d’expression, véhicule un mystère qui voyage dans nos mémoires comme une promesse faite à ceux qui sauront le chasser. Peut-être même qu’il est du devoir du lecteur d’en récupérer les formules afin de se faire dire à haute et intelligible voix le message qui est désigné comme prometteur d’avenir ». Auguste Gnalehi (critique littéraire) dans un texte critique relève : « L’écriture de Josué Guébo…se reconstruit à travers des assemblages de mots mesurés et cadencés, est une sorte d’agencement d’images apparemment disparates qui se construisent comme des puzzles ». Gnaléhi reconnait que sa poésie est dominée par « l’émotion, l’obsession des images et le pouvoir de suggestion ».
« Poète supérieurement alerte », Josué Guébo peut s’enorgueillir d’être le digne successeur de nos aèdes ivoiriens confirmés tels Bernard Zadi et Jean Marie Adiaffi. L’écriture et lui, c’est une longue histoire d’amour. C’est un mariage pour la vie d’autant plus que l’écriture refuse de le laisser vivre tranquillement sa vie. « L’écriture est plus en moi que je ne suis en elle. Qu’est-ce qu’elle me veut ? Pourquoi me cherche-t-elle des poux, même tard dans la nuit, alors que je converse tranquillement dans un coin d’alcôve ? Que me veut-elle à la fin ? Quand l’écriture m’aura avoué ses intentions, je lui déclarerais aussi mes marchandises » confie t il dans une interview accordée à Yehni Djidji. Le poète avoue qu’il écrit depuis l’âge de 12 ans. Comme ce fut le cas pour bon nombre d’amateurs de poésie, ses premiers balbutiements poétiques étaient un « couplet enflammé pour une voisine de classe » quand il était jeune collégien au CEG de Grand Bassam (In Le Nouveau Courrier N°203 du 12 Février 2011 par Guy Constant Neza).
Ses distinctions
Depuis 1998, il semble abonné à des prix littéraires. Ce poète amoureux de Verlaine et de Césaire a été en 1998 Prix de Concours d’écriture RFI « 3 heures pour écrire ». En 2007, il est Premier prix de poésie « Les Manuscrits d’or » pour « c’était hier » et Premier Prix de nouvelle « Les Manuscrits d’or » pour « confidences d’une pièce de 25 francs ». En 2010, il participe auprès des plus grandes plumes du pays au projet de « Des Paroles de Côte d’Ivoire pour Haïti, notre devoir de mémoire » un ouvrage collectif publié chez NEI/CEDA.
ETTY Macaire
Ses œuvres
Poésie
2009 : L'or n'a jamais été un métal (Vallesse, Abidjan) ; 2010 : D'un mâle quelconque (Apopsix, Paris) ; 2011 : Carnet de doute (Panafrika/Silex/Nouvelles du sud, Dakar) ; 2011 : Mon pays, ce soir (Panafrika/Silex/Nouvelles du sud, Dakar).
Ouvrages collectifs
2007 : La paix par l’écriture (Vallesse, Abidjan), Collectif ; 2010 : Des paroles de Côte-d’Ivoire pour Haïti, notre devoir de mémoire (Ceda/Nei), Collectif.
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