N’zrama, la fille étoile de François d’assise n’dah : N’zrama, l’astre fait chair
Un bracelet au poignet gauche, deux chaînes royales autour du cou, un pagne traditionnel qui couvre à peine sa nudité, des nattes à l’africaine sur la tête décorée par de magnifiques yeux…du caolin parcourt sa peau vespérale. Puis, les ténèbres, les étoiles… elle à l’air pensive.
Cette image de la première page de couverture du énième livre de François D’Assise N’Dah (N’zrama, La fille Etoile), nous situe dans le temps et dans l’espace sur la profondeur de ce récit.
N’zrama est le nom de cette enfant qui n’a rien demandé à l’existence. Tout comme les étoiles se sont invitées au jubilé de la venue messianique à Nazareth, la naissance de N’ZRAMA dans ce village d’AKLOMIOBLA a été assistée par des étoiles. C’est donc à juste titre qu’elle porte ce nom (Nzrama) signifiant « étoile » dans la langue Agni. D’ailleurs, une étoile scintille sur le front du bébé qui vient de pousser ses premiers cris dans un monde fauché par trop d’ignorances. On le sait, l’étoile brille, rayonne et plaît à vue d’œil. Notre N’ZRAMA, elle, brille de beauté, mais sa vie n’est point à l’image de ce rayonnement physique ! Elle est sujette à controverse dans son village. Elle inocule une grande peur aux femmes en même temps que les hommes font d’elle leur souffre-douleur. Pourquoi ? Est-elle responsable du voyage ultime de ceux qui l’ont conçue ? Pourquoi doit-elle porter le « conteneur » de la méchanceté humaine dans toute son immensité ? L’auteur fustige l’indifférence démesurée et grotesque de l’homme en général et l’Africain en particulier face aux êtres sans défense que sont les enfants surtout la jeune fille. Orpheline au début de sa vie terrestre, rejetée de tous au nom d’une certaine malédiction, l’aventure lui ouvrira les bras. Adoptée, puis ré-adoptée, elle se retrouve dans la gueule béante de la ville ! Jeune fille sans défense, sans éducation, sans parents, quel sort lui est réservé dans « ce lieu où personne ne s’intéresse à personne. Un lieu ou l’individualisme est le maître-mot. Un lieu ou même un enfant blessé n’arrachait aucune compassion aux passants. Endroit maudit, endroit cruel » (page 31). Quelle est cette étoile qui passe inaperçue ? L’emploi de l’oxymore en dit long : « une étoile obscure ».
Même dans une balade au milieu du jardin de la misère, on peut se trouver une épine d’espoir. Etoile est-elle, et elle va nous le prouver. N’ZRAMA malgré tout demeure la plus éclatante lumière d’un foyer aux abois. Elle sera le pont qui mène le fils à la mère… mais au prix de quel sacrifice ! Parviendra-t-elle à couper ce cordon de la mort qui la lie à son passé ? L’étoile brillera- t- elle assez fort pour ceux que son cœur fébrile a appris à aimer ? Connaîtra- t- elle des jours heureux ? N’être qu’un nourrisson et être accusé d’avoir occasionné la mort de ses géniteurs, être le souffre-douleur de tous toute une existence, N’ZRAMA, la fille étoile saura faire briller l’astre qu’elle est.
Histoire palpitante, et très éducative pour la jeunesse. De même, dans notre randonnée entre les pages, on se perd parfois entre deux situations, mais très vite l’auteur nous rattrape par sa maîtrise des subtilités de la langue de MOLIERE. D’une lisibilité linguistique facile d’accès, et un agencement assez cohérent de la syntaxe, cet ouvrage mérite lecture et plaira sûrement à la jeunesse.
Atte Sostène
N’zrama, la fille étoile de François d’assise N’dah, Éditions l’harmattan-cote d’ivoire 2012
Dans Le Nouveau Courrier du 25 avril 20014
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