LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

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Le Sublime Sacrifice de François D’Assise N’Dah : Une réécriture de la légende de la Reine Pokou

 

 

François D’Assise N’Dah a publié cette année 2012, un livre chez Vallesse édition intitulé Le Sublime Sacrifice. Avec la liberté que lui donne l’art littéraire, l’écrivain nous propose une réécriture audacieuse de la légende de la Reine Pokou.

 

 

 

Dans ce livre de 96 pages, F.D. N’Dah nous fait  le récit de l’histoire fabuleuse d’une princesse à la beauté foudroyante du nom de Taloua Klaman. A peine sortie de l’adolescence qu’elle est désignée par Gnamien Kpli (Dieu) pour jouer un rôle déterminant dans la marche du royaume. La stérile qu’elle était se remarie et donne vie, par miracle, à un garçonnet. A la mort du roi Komlan Anzian dont elle est l’ambassadrice attirée,  le trône doit revenir de droit à Dakon selon les dispositions légales ancestrales. Mais Kouassi Obodoun à la tête d’une rébellion n’entend pas les choses de cette oreille. Le pouvoir il le veut ici et maintenant. Avec la complicité d’une bonne partie du Conseil des Sages (l’organe chargé de désigner le successeur) et de l’armée corrompue, il s’empare de force du pouvoir et se fait introniser. Commence alors une vaste opération d’extermination des opposants à son règne. Taloua Klaman comprend alors que l’heure a sonné de suivre son destin. A la tête de son peuple, elle prend la fuite, le chemin de l’exil comme ultime voie pour échapper à la furie meurtrière de l’usurpateur. Traqués impitoyablement par les soldats du nouvel homme fort, son peuple et elle se retrouvent pris au piège par le fleuve Comoé en furie. Elle offre son fils en sacrifice et sauve son peuple.


La légende de la Reine Pokou fondatrice du peuple baoulé, bien connue par les Ivoiriens,  renaît sous la plume de N’Dah. Grâce à la force de l’imagination de l’écrivain, la légende retrouve un nouveau souffle et s’offre aux lecteurs, les plus jeunes, comme une matière  à interroger et à exploiter. Bien que désigné comme un « récit de jeunesse », par Valesse éditions, Le Sublime Sacrifice, fonctionne comme une belle fable destinée à inculquer des valeurs. Il enseigne à l’image de Taloua Klaman le courage, le don de soi, la fidélité, le patriotisme désintéressé. La dimension pédagogique de l’œuvre ne fait aucun doute et s’offre aux lecteurs les plus jeunes comme une mine d’enseignements. Le récit de François D’Assise N’Dah exalte le sacrifice de l’être cher qui, comme nous le savons, est au cœur de tous les mythes fondateurs.


En sacrifiant son fils unique, Taloua Klaman traduit sa capacité à se « mutiler » au nom de son peuple. Cet acte salvateur est une leçon politique qui nous fait comprendre que le vrai leader doit être capable de privilégier l’intérêt général au détriment de l’intérêt personnel. La Princesse de Klôdan, tout en étant une version  de la Reine Pokou, semble être une image « humanisée » de Dieu qui sacrifie son fils Jésus pour le salut de toute l’humanité. En sus, l’œuvre s’affirme ici comme un miroir tendu à la conscience des hommes politiques et tous les assoiffés de pouvoir. La plume de N’Dah de façon subtile stigmatise la rébellion, l’usurpation, la manipulation des lois et la force brutale comme moyens d’accéder au pouvoir. Nous l’avons compris : Le Sublime Sacrifice se nourrit du terreau de l’actualité politique de notre pays qui, ces dernières années, a connu de mortelles convulsions et dont les effets pervers sont loin de s’estomper. L’accession de Kouassi Obodoun, personnage grotesque et rustique, au pouvoir  au mépris des dispositions de la loi du royaume traduit la chute des valeurs sociales et morales, la déliquescence de l’Etat, la ruine du droit.


François N’Dah D’assise, face à notre monde en crise, par ce récit, semble nous inviter à quêter dans les entrailles de notre histoire, de nos légendes et nos mythes les voies de notre renaissance et de notre salut. En définitive Le Sublime Sacrifice est un livre à lire et à offrir aux jeunes déboussolés dans un pays continuellement en « crise épileptique ».

 

ETTY Macaire


 

François D’Assise N’Dah, Le Sublime Sacrifice, Valesse éditions, Abidjan, 2012,

 

cet article a été publié par LE NOUVEAU COURRIER le 25 mai 2012



28/05/2012
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