LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE RÔLE DES PROVERBES

 

 Par Muepu – Mibanga

 

(Nous publions ici quelques extraits de l’introduction du livre : « Songye, livre des Proverbes » de MUEPU-MIBANGA, publié aux éditions « BOUWA » en 1988 à Kinshasa).

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Ce livre est une collection systématisée d’environ 1500 maximes et dictons de l’ethnie Songye.

Comme un écran, les légendes populaires, contes ou anecdotes voilent souvent aux non initiés des trésors d’une rare beauté. II faut donc leur enlever l’enveloppe et les disséquer avec minutie en vue d’en découvrir la substance vitale ou motrice.

Chez le peuple SONGYE une de ces richesses semble être l’attachement particulier à la SPIRITUALITÉ, au goût de l’abstrait. C’est dans cette ambiance qu’ apparaît le proverbe comme mode de captation et d’expression des idées. A ce titre, le proverbe passe pour une science, un savoir qui permet à chacun de devenir érudit et d’accéder à la culture SONGYE tout comme les mathématiques, la médecine ou l’astrologie pour ne citer que celles-là, donnent l’occasion d’approfondir les rapports humains avec tout autre peuple.

Au-delà de son caractère purement scientifique, le proverbe joue un autre rôle : il remplit la fonction normative. En effet, comme dans toutes les sociétés dépourvues d’écritures, les proverbes constituent un code social ; ils véhiculent des normes impératives qui inspirent et orientent la conduite des membres de la société. Pour un citoyen, il n’y a rien de plus souhaitable que de connaître l’éventail de ses droits et obligations. De l’application adéquate de ceux-ci découle une sagesse qui garantit l’équilibre indispensable à l’existence d’un minimum de solidarité.

II est aussi intéressant de signaler la vocation littéraire du proverbe. Grâce à lui, le langage SONGYE a pu garder son authenticité face au flux culturel étranger. En quelque sorte, le proverbe sert de critère d’identification d’un peuple beaucoup mieux que ne le feraient les autres découvertes telles la sculpture ou la peinture. Celles-ci sont de loin périssables et imitables en série suivant la technologie moderne et sophistiquée.

De par ces aspects, le proverbe SONGYE constitue un apport au patrimoine culturel national. Transmis de génération en génération, cette richesse spirituelle est devenue un legs commun inaltérable et dont nous devons tous être fiers.

Reste donc aux chercheurs d’explorer ce trésor, témoignage d’une culture vivante secrétée par un peuple dynamique dans sa mouvance historique et dans sa réalisation matérielle. Plutôt d’y voir avec un oeil pessimiste, un bien accumulable, un capital de technique et de savoir inapte à promouvoir le progrès et le développement [1], les historiens, anthropologues, politologues, économistes ou philosophes et d’autres y puiseront à leur guise des éléments catalyseurs de devenir humain, éléments dont le plus important est la connaissance parfaite des structures mentales et sociales des anciens et de la somme de leurs expériences, expression tangible de leur créativité ou ingéniosité. Ce par quoi l’aventure humaine est une oeuvre hautement exaltante pour ceux qui y participent avec détermination et volonté de renouvellement.

Dans ce cadre nous n’avons nullement la prétention d’innover. Bien d’autres écrivains se sont signalés avant nous. Parmi les plus connus, nous citerons notamment Madame P. Lee, Monsieur A. Croene, le Professeur P.R. Lumeka et R.P. Van Houtte [2]

 

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[1] En ce sens, lire : sagesse des proverbes et développement par E. NJOH Mouelle, in revue Zaïre-Afrique n’92 de Février 1975 Ed. CEPAS Kinshasa pp.107-116.

[2] R.P. Van Houtte : Proverbes africains ; C.I.C.M., Kinshasa, 1976

 

 

 



27/02/2014
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