« Le Bonheur Est Une Métaphore »: A l’angle de la consécration
par Manchini Defela
C’est avec un visage sans expression aucune que j’ai reçu LE BONHEUR EST UNE METAPHORE de Inza Bamba. Un jour quelconque. Quelque part où le silence faisait bon ménage. Au milieu de l’ombre d’un vieil arbre. Et je suis parti juste après que le vent a lâché son midi. Heureux ? Malheureux ? Peu m’importait.
Je connaissais déjà Inza. Cet écrivain est porteur d’une plume qui s’habille au soleil. Sa plume embrasse un langage remarquablement assis dans le fauteuil littéraire, qui vit en chacun de nous et qui épate jusqu’à fleurir nos jardins… Et un jour, j’ai lu l’œuvre d’un trait fin. En 24h seulement. Sans couler une seule sueur. J’ai poncé mes veines de sourires. J’ai eu des ailes. Je me suis envolé comme un prince déguisé. Et niaisement je me suis écrié : « Enfin, une cave dorée, écarlate, où de longues chansons viennent témoigner du presqu’achevé. »
Ce livre m’a décolonisé. Car voyez-vous, d’une simple et banale mort d’une jeune élève – parce que les guerres aujourd’hui en Afrique sont devenues choses banales – l’auteur nous plonge, avec une force moderne du destin, et une description des plus chatoyantes, dans les arènes du Palais, où une femme, la mère de la victime, veuve qui vit dans un quartier barbare où règnent carence et banditisme, et qui frotte chaque jour l’extrême pauvreté, s’en va chasser la Première Dame. Comment ?... Madouè, jeune élève est morte violée et décapitée par de barbares soldats sans galon, histoire pour ces voyous de se rassurer qu’ils sont vraiment en guerre. La nouvelle crée l’émeute dans son établissement. Ses camarades somment une grève. Une grève de toutes les beautés. Une grève de toutes les laideurs. Puisqu’elle finira par s’étendre et paralyser tout le système éducatif du pays. Massogbè, mère de Madouè, devient, sans l’avoir préméditée, la cible de tous les regards. Même celui du tout-puissant président de la République, qui en tombera éperdument amoureux. Les yeux nus de cent lunes de la grande Massogbè font nier les étoiles dans le dos de notre cher Président-Poète au point où il chassera loin du Palais sa commère et mégère Première Dame pour le louer à la grande nova qui fait perdre la barbe aux hommes. Bien sur que cela ne se fera pas seulement avec des coups de pieds. Car notre chère Première Dame n’est pas un carton de volailles. Elle sait tenir l’arme pour défendre de droit ce qui lui appartient.
Sans perdre de temps, c’est toute l’opulence d’une histoire aéroportée. On sent et on touche toute l’imagination de l’auteur. Il y a dans ce livre de l’intensité, de la fécondité, de la tension et de l’émotion avec une musicalité abondante. Aussi, arrivons-nous à l’improbable lecture de la vie : les enfants sont le miroir du bonheur. Et le pouvoir sans amour précède une chute brutale du haut de la falaise. Oui, ajoutons donc, que croire aux contes de fée, c’est peut-être une erreur, mais tourner le dos à l’amour, c’est écorcher la vie. Le destin a un menu qui surprend toujours. Même du plus profond trou d’une prison, on peut devenir roi d’une montagne. L’espoir est une carte postale. Ne jamais le renier, le ruiner, l’abattre, le négliger, il accouché des vers que seule la vie est capable d’expliquer… Alors, croyez-le, votre vie est un beau cahier !
Inza Bamba, L’amour est une métaphore, Roman, éditions Balafons, 2014
in Le Nouveau Courrier du 28 mars 2014
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