LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

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Critique. / Si le village m’était conté ….Alphonse Voho Sahi


 Les contes d’exil et d’errance

 Si le village m’était conté … est un recueil de 10 contes de 133 pages écrit par Alphonse Voho Sahi, enseignant de philosophie à l’Université d’Abidjan et conseiller à la présidence de la République de Côte d’Ivoire de 2000 à 2010. Publié au Togo chez Graines de Pensées et préfacé par le Pr Sery Bailly, ce livre d’exil et d’errance est un effort rigoureux et fraternel de déconstruction des valeurs négatives pour devenir porteur de grandes leçons de rassemblement.

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 Dix contes. Dix contes qui suivant les thèmes dominants et les personnages, peuvent se regrouper en trois catégories. La première catégorie renvoie aux contes qui analysent la vie sociale avec un rôle prépondérant pour les personnages humains : « La princesse Tuïkanga » p27 ; « La femme du village et la femme de la rivière » p61 ; « La –fille- de -l’une et la-fille -de -l’autre » p123. La deuxième catégorie, ce sont des contes centrés sur le monde des animaux et/ou des plantes : « L’arbre aux mille yeux » p41 ; la troisième et dernière catégorie donne un rôle prépondérant aussi bien aux hommes , aux animaux qu’aux choses : « Pourquoi Chimpanzé et Panthère n’habitent plus dans le même village » p19 ; « Les repas de la forêts enchantée » p53 ; « L’orphelin, le buffle et l’héritage » p69 ; « La fille qui voulait épouser l’homme le plus beau du monde » p83 ; « Les pierres miraculeuses » p.95 ; « Araignée et l’oiseau du malheur » p109.

 Un livre porteur de grandes leçons de rassemblement

 A la lecture de ce livre, ces différents contes mettent en lumière tantôt des valeurs négatives tantôt des valeurs positives. En effet, le conteur rejette toutes les valeurs négatives qui sapent l’unité : l’égoïsme, l’arrogance, la force brutale, le mépris des autres, l’excès. A contrario, il nous invite à nous approprier les valeurs positives comme l’humilité, l’intelligence, le respect et la solidarité. Au regard de ce qui précède, ce recueil est porteur de grandes leçons de rassemblement ; c’est pourquoi la parole du conteur Kodjo nous transporte dans un monde merveilleux, un monde où l’homme ayant pris conscience de ses limites entreprend d’améliorer ses rapports avec ses semblables et son environnement. Ne dit-on pas que l’homme est social et sociable ? Il est à souligner que vivre ensemble ne vient pas selon le conteur supprimer la diversité d’opinions, la liberté d’expression et surtout l’identité de chaque homme.

 L’idéologie de ce recueil

 Que pourrait-être l’idéologie de ce livre d’exil et d’errance ? Répondre à ce questionnement nous renvoie au contexte historico-littéraire de ce recueil des contes. Ecrit et publié au Togo, une terre d’exil et d’asile, cela nous suggère que le premier sentiment qui a inspiré l’auteur est un sentiment de nostalgie ; ce qui veut dire que l’auteur a recueilli les contes, les a transformés selon son nouvel environnement et état d’esprit en vue de les transmettre. Cet exercice intellectuel lui permet d’être utile partout où il est, de continuer à être positif et créatif pour ne pas se détruire intérieurement. Telles sont les motivations qui ont amené nul doute l’auteur à s’enchanter pour ne pas déchanter dans le but de lutter contre l’espérance pour continuer à croire en l’homme. Ainsi compris, l’œuvre a une portée didactique car, bien qu’elle soit philosophico-satirique, elle dénonce dans la perspective d’une prise de conscience la perversion des valeurs sociétales négatives avec la socialisation de l’Homme.

 Le style de l’auteur

 L’originalité de ce recueil, c’est que Voho est allé au-delà de la simple transcription des contes recueillis. Outre l’œuvre de re-création littéraire qu’il fait ici, les contes sont au goût de notre époque. Ils épousent les accents de notre ère, notre environnement. L’écriture de Voho tantôt prend un accent épique, tantôt procède par mouvements accumulatifs. Dans ce recueil, le merveilleux reste un prétexte en dépit du surnaturel dans la nature et dans les actes des personnages [actants]. En effet, Voho se sert du style oratoire des contes traditionnels qui implique destinateur et destinataire en vue de créer une atmosphère dramatique qui maintient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final.

 

Auguste Gnaléhi

In ZAOULI du mois de septembre 2013



07/09/2013
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