LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

INTERVIEW/ Maxime Kouadio N’Dri, auteur de L’envol du Cœur : «L’amour vrai s’oppose à la haine, à la médisance et à la déchéance »

 

 

Les éditions Balafons, très productives, ces temps-ci, viennent de publier L’envol du Cœur, un roman signé par un jeune écrivain répondant au nom de Maxime Kouadio N’Dri. Ce dernier a bien voulu évoquer avec nous son bouquin.

 



« L’envol du Cœur » est un roman de 70 pages, c’est vraiment peu. Un manque d’inspiration ?


Je ne dirai pas que c’est un manque d’inspiration, c’est plutôt un souci d’encouragement à l’endroit des lecteurs. C’est une manière de les emmener à lire l’envol du cœur. J’ai approché certaines personnes avec des livres volumineux et, à première vue, elles se sont écriés : quand est ce que tu finiras de lire ces livres ? J’ai compris que lorsque le livre est petit, il attire à la lecture  même les plus paresseux. 


Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce bouquin ?


Il fut un temps, lorsque j’avais atteint la puberté, j’étais attiré par le sexe opposé, mais j’essuyais des échecs que je lui faisais des avances. Un jour, sous le fait du hasard, j’ai envoyé une carte de vœux qui avait l’image de la sainte famille, c'est-à-dire la vierge Marie et l’enfant Jésus dans la mangeoire. Et cette carte, je l’avais expédiée à Bintou, une inconnue qui fréquentait une école inconnue de moi (l’adresse a été piquée dans l’annuaire téléphonique). Et comme le destin nous réserve des surprises, j’ai eu gain de cause. Disons pour un tant puisque la tristesse, la désolation causée par la bêtise humaine va emmener mon inconnue bien-aimée dans une destination également méconnue de moi. Et le jour où j’ai déposé mon stylo, elle est rentrée en famille après environ un an de disparition.


L’image de la première de couverture et le titre du livre accrochent indubitablement. Quels commentaires pouvez-vous faire et de l’image et du titre ?


L’image, pour moi, représente la déchéance humaine, l’homme par sa bêtise fait partir la colombe, symbole de paix (donc la paix), dans une destination inconnue de nous ; les larmes s’écoulent sur le visage d’une mère qui a prié nuit et jour pour le bonheur de ses enfants, laquelle mère voit son espoir se dissiper. Je profite de cette aubaine pour dire merci à mon ami Inoussa, qui a su transformer ma pensée en cette magnifique image.

Concernant le titre, j’étais un jour, en 2002, entrain de réciter les paroles qui pouvaient être inscrites dans ce bouquin, et je me demandais quel pourrait être le titre. Et je disais : le dilemme de Balétégué, et une voix c’est fait entendre en moi, et elle a dit : l’envol du cœur. Il est venu de lui-même.

 


Votre bouquin parle donc de l’amour…De quoi s’agit-il ?


L’amour, dans toute sa plénitude. Il arrive qu’une femme nous donne son amour et nous lui servons l’amertume. Je parle ici de l’amour pur qui fait appel au bonheur, au vivre ensemble, et à l’espoir inébranlable. L’amour vrai qui s’oppose à la haine, à la médisance, à la déchéance. Aimer c’est ouvrir la porte au bien être familial, au bien être social.


Bintou rêvée, disparue, retrouvée n’a jamais apparu dans le champ de vision de Max, son amoureux. Qu’avez-voulu démontrée par cette intrigue assez étrange mais originale ?


La force de l’espoir. C’est l’espoir qui a ramené Bintou à la vie. Je veux montrer ici que chacun de nous a sa Bintou. Une personne qui nous aime sincèrement, mais dont on ignore absolument tout. J’ai entendu des personnes dire que telle ou telle personne s’est suicidée parce qu’elle se sentirait seule et qu’elle ne serait pas aimée. Bien sûr, la chair de sa chair et l’os de son os promis depuis le jardin d’Eden est là et n’attend que chacun de nous.


L’amour serait-il une illusion, un rêve inaccessible ?


Non pas vraiment. Mais c’est plutôt l’amour idéal qui semble illusoire. L’idéalisme parfait n’est pas une chose qui nous tombe dessus. Il n’est pas de ce monde donc il faudrait qu’on accepte ce qu’on a comme tel et qu’on augmente notre taux de volontariat pour vivre un amour parfait et non idéal. C’est nous-mêmes qui créons la perfection.


Le personnage de Balétégué est attachant. Que représente-il du point de vue sémantique ?


Il représente la paix, il est le prototype d’un homme de foi, de bonheur et surtout de vivre ensemble. Il décide de pardonner et de s’en remettre à Dieu, seul habilité à venger les hommes ; sinon, pourquoi nous le prions de nous venir en aide? Pourquoi nous remplissons les temples, les églises chaque dimanche si nous devons nous venger nous-mêmes ?


Votre narrateur est intradiégétique. Cependant, nous lisons souvent « je » et souvent « Max ». Comment expliquez-vous ce mélange de focalisations ?


Ce mélange s’explique par le fait que Max se met dans la peau d’autrui,. En outre, Bintou aimait bien ce prénom, c’est pourquoi dans sa lettre adressée à Max, elle utilise ce prénom. Le « je » rend compte de la nature de la narration.


Peut-on dire que votre bouquin est autobiographique ?


Oui, c’est une autobiographie, mais qui va un peu loin avec l’histoire de Balétégué, qui est un récit vécu plutôt par un ami  que je salue au passage.


Il y a des phrases de ce livre qui sont vraiment mal construites : Exemple : « Une personne, en un mot, que je ne pouvais pas décrire physiquement, mais dont je raffolais »(P.28), « Mais la bizarrerie dans laquelle se trouvait sa sœur aînée, l’emmena à interpeller une personne un peu plus grande et plus âgée qu’elle qui vint constater la mort de sa sœur aînée » (p.17).  Lourdeur, ambigüité, répétition, ponctuation approximative, conjugaison maladroite…euh…Et ce n’est pas tout. Alors, un mot ?


Je n’ai certainement pas mis du temps à relire et corriger, et je pense qu’ici la rigueur n’était pas de mise. Je prêterai attention à ces intermittences afin qu’elles n’existent plus dans les rééditions futures.


Pourtant dans ce livre, il y a, au niveau du style, des choses intéressantes. Je note des rimes internes dans de nombreuses expressions qui assurent une certaine musicalité aux phrases : « Incommensurable et incomparable » (P.14), « de bonheur et de douceur »(P.15), « par action ou par omission » (P.15), « ignorant et feignant », « l’effort fait des forts »(P.27) etc.


Merci pour cette belle remarque, en effet, l’envol du cœur à l’origine semblait un long poème, car j’ai voulu user d’une certaine musicalité pour rendre compte de la profondeur des choses, de la beauté de l’amour. La musique adoucit les mœurs. En sus,  je voulais attendrir les lecteurs, c’est pourquoi, le livre commence par « il arrive parfois des choses… »

 

Un mot à l’endroit de tous ceux qui n’ont pas encore lu L’Envol du Cœur…


Je voudrais leur dire ceci : il arrive parfois des choses qui dépassent notre entendement. Il faut les découvrir et pour les découvrir, il faut une lecture apaisée. Dans ce livre, je voudrais que vous reteniez des choses, mais la priorité des choses à retenir, c’est la paix qui fait vivre les familles, la paix qui fait vivre les pauvres, la paix qui fait vivre les riches. Car en période de guerre, nul ne peux vivre. En période de guerre les riches dorment sous les tentes et côtoient moustique et famine ; les pauvres, eux,  meurent simplement.

Merci pour votre bonne compréhension et bonne lecture à tous et à toutes.


Interview réalisée

Par ETTY Macaire

 

 Interview publiée par Le Nouveau Courrier du 21/09/2012



21/09/2012
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