LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Interview/ Jean Valère Djezou, poète, auteur de Dunes D’Or (2ème partie)

 

SUITE ET FIN DE L'INTERVIEW DE JEAN VALERE DJEZOU

 

JVD : « Ma poésie est une caravane musicale. Elle fait danser en même temps qu’elle dit la vérité »

 

 

 

 

Le poème « papier libre » se réduit simplement a un jeu de mot ; il ne fait pas sens …


Si. Le texte fait sens. C’est tout simplement une question de perspective, d’angle de vue, d’angle d’écoute. Au fin fond des rondes, des bonds et des rebonds de sons et de mots ressemblants qui drapent Papier libre, est exposé l’engagement du poète qui est celui de tous les instants, de tous les dangers et de toutes les promesses. Comme toutes ces petites voix qui osent mettre leurs petites poitrines fièrement bombées devant la cravache, les matraques et les satrapes de nos gouvernements africains violents et méchants, je sais que je serai confronté à la traque et à la trappe de ceux pour qui la vérité est une odieuse insulte et de nos pouvoirs orgueilleux qui n’acceptent aucune critique constructive. Si cela est arrivé aux grands noms comme Wolé Soyinka, je ne vois pas pourquoi je serai une exception, moi qui ai une plume mineure. J’assume cependant toutes les implications de mon combat pour le bonheur du peuple ivoirien et des peuples africains.

Et pour quelqu’un qui s’est contenté de ne manger que le plat enragé et enrageant du manque d’argent depuis la classe de 4e, suite au licenciement abusif de son père, pour des raisons politiques mesquines, c’est une vraie aubaine que de partager le parvis tant convoité des poches pleines. Mais j’ai fait le choix de marcher pour les poches et les assiettes vides. Et je crois que c’est là faire œuvre utile. Et c’est d’ailleurs là la place du véritable prophète dans la Bible. Sans avoir d’aversion pour les riches qui sont une vraie bénédiction pour la société, il ne passe pas tout son temps dans les palais royaux et les foyers nantis à rechercher gloire, compliments et gratifications pour leurs prières. Il y passe, de façon ponctuelle, dire la vérité de Dieu sur les écarts et abus et encourager également les autorités, s’il y a lieu de le faire.

Je ne suis donc pas engagé pour cueillir quelques gloires factices. Je suis foncièrement critique. J’ai une âme de lame et mon arme, c’est la flamme de mon verbe sincère qui, je l’espère, réchauffera tous ces braves gens du peuple ivoirien et africain qui prient et peinent, depuis des décennies d’indépendance. J’ai une écriture d’opposition à nos déviations et à nos mauvaises gouvernances et de dévotion à Dieu et à l’Homme. Et je m’efforcerai d’écrire pour les faibles, les sans-voix et les sans-noms, des papiers libres qui les défendent et leur redonnent leur dignité et leur bonheur volés.

 

 

Entre le message et la beauté sonore des poèmes qu’est-ce qui importe pour vous ?


D’après l’icône Georges Molinié, « Les mots ne signifient rien du tout. Ce sont ceux qui les utilisent qui leur donnent une valeur sociale. » Et pour avoir cette valeur sociale, je dirai que les mots, comme tout le monde, doivent travailler. Ils doivent, comme tout le monde, apporter au monde. C’est à la sueur de leur front qu’ils gagneront leur pain, le respect du monde. Et nous travaillons ensemble, comme le jockey avec son cheval.

Nous sortons donc les mots du chômage de leur désuétude et de la paresse de leur usage ordinaire, afin qu’ils permettent le développement de l’imagination, en même temps qu’ils sont fruits de cette même imagination. C’est en réalité de là que le mot tient sa puissance. Et quand on parle de mot, on parle concomitamment de message. Ce sont des frères siamois. On les tuerait tous deux, si on essayait de les séparer l’un de l’autre. Il n’y a pas d’un côté le mot et d’un autre le sens. Le mot est le véhicule et le message qu’il transporte est le passager. Et ce message, d’un moment à l’autre, peut changer comme les occupants d’une voiture. Il peut devenir faible ou fort.

Mais, pour que le mot devienne un vrai bolide et que son message soit aussi puissant qu’un buffle, il lui faut être transformé par le maître des mots. L’artiste sort de ce tacot, ce mot défraîchi et emprisonné par l’usage monotone dont la société en fait, une nouvelle caisse qui pourrait aller où il le souhaite faire telle ou telle commission.  Il n’y a pas de message fort sans mot fort. Et moi, pour rendre mes mots forts, je les transforme souvent en caravane. Ma poésie est une caravane musicale. Elle fait danser en même temps qu’elle dit la vérité, pour rendre la vérité de ma bouche amère douce à l’oreille qui la broie, la mâche, la mange.

Et moi, j’aime le sonore ! Parce qu’en même temps qu’il accroche l’oreille, il crochète toutes les méfiances et s’accroche à la bouche qui la relaie, trouve des accroches dans l’âme et l’esprit, plonge dans leurs chairs les dents crochues de la vérité qui crache, souffle dans leurs chairs des croches des doubles croches, des pauses, des silences, et ferme sa nouvelle maison avec le crochet de son acceptation, pour ne plus en sortir.

Dieu a certainement mis du sonore dans ma parole pour qu’il adoucisse les épices piquantes, les feuilles amères et les fléchettes qui y sont. Il a peut-être mis la délicieuse musique dans mon verbe pour que j’emmerde mieux les gens, pour que ceux que j’emmerde m’aiment.

 

« Le repenti » est un poème assez mysterieux, Djezou.

 

Le repenti est mystérieux. C’est un mystère de se repentir, d’être la même personne sans ne plus jamais être la même personne. C’est un vrai mystère d’avoir la même peau et de faire peau neuve. Peut-on imaginer un vieux loup redoutable caressant un agneau avec ses longues canines ? Le repentir pose le problème de la force de l’écorce de la nature et de la force du burin la volonté. Alors qu’on dit que la nature humaine viendra toujours à bout de la volonté humaine, je pense, moi, que, si l’on y met de la bonne volonté, la volonté convaincra la nature de rendre les armes. Et c’est ça, le repentir, de faire une vraie guerre à l’état sauvage de nature, sans la blesser, et en en faisait un partenaire dans cette guerre contre elle-même. Le repenti est mystérieux.

Il est aussi mystérieux en ce sens que l’on se convainc que son message me concerne absolument et calfeutre une expérience personnelle de ma vie que je n’ose pas complètement dévoiler. Ce n’est pas cela, bien qu’aucune âme humaine ne soit sans ombre. Cependant, comme les Ivoiriens aiment à le dire, il faut se brosser les dents, avant de parler mal aux gens. Et c’est une vérité grossière, certes, mais pratique, biblique et spirituelle. Il faut être en règle pour faire appliquer la règle. Avant qu’Esaïe ne devienne le grand prophète qu’il fut, sa bouche fut sanctifiée par la pierre sainte de Dieu, la pierre de la vérité. Quand on décide de prendre en chasse les chassies et les difformités de la société, cela implique qu’on se résolve, avec responsabilité, à se désinfecter et à expulser les étrangetés qui dorment, pullulent et prospèrent en soi-même. 

C’est à cette condition qu’on devient un modèle pour les autres, notamment ceux dont on fustige les penchants et agissements déviationnistes. On leur indique la voie et les pas sur lesquels marcher, s’ils veulent faire autre chose que marcher sur les pieds et les semelles des autres et leur mélanger les pédales. Parce que le principe de l’opposition politique qui est de chasser l’ennemi ou l’adversaire pour prendre sa place devrait plutôt être une invitation polie et non complaisante des autorités au changement immédiat. Parce qu’il vaut mieux changer les choses avec les mêmes hommes que de prendre d’autres hommes pour faire les mêmes choses. C’est le mystère du sacerdoce divin : le repentir pour servir. Le prophète Moïse, l’apôtre Paul et même Gaspare Mutolo, l’ancien tortionnaire de la mafia italienne devenu peintre, en sont des illustrations plus que poignantes.


Un poème a pour titre “ ma poésie” et il commence ainsi : « quator djezou-hugo-baudelaire-adiaffi. sous le regard amuse du maitre Zadi »…Dites-moi, Djezou, tenteriez-vous vous mesurer a ces monstres ?

 

(Sourire) S’il m’était accordé la grâce de réécrire l’histoire littéraire de ma vie, je mettrais tous ces illustres noms d’Europe et d’Afrique dans mon village, dans le Château de Versailles, en face d’un bon vin de palme. Et je serais né au XIXe siècle. C’est mon fantasme poétique. Et ce fantasme de poète, avec moi au milieu de mes panthéons, est réalisable.

Les problèmes d’argent sont toujours là. La débauche toujours là. Les dictatures toujours là, et même plus fortes qu’autrefois. Les désillusions de la Révolution sont toujours là. Les grands peintres comme Delacroix sont toujours là. Les grands musiciens toujours là. Et peut-être qu’à la place de Wagner, Chopin ou Berlioz, J’aurais mis Julio Iglesias, Jacques Brel, Petrucciani, Ray Charles, James Brown, Jimi Hendrix, Carlos Santana, Armstrong, Meiway, Peter Kouassi, Allah Thérèse, Miriam Makeba, Nayanka Bell, Aretha Francklin, Bessie Smith ou Susan Boyle…

Sincèrement, je les aime, ces poètes ! Et je crois que, marchant avec eux, ne serait-ce que comme coursier ou cocher, j’aurais été un grand nom. Vous savez, à force de recevoir les passes de Messi, de Xavi, d’Iniesta et de tous les autres petits lutins de Barcelone, on finit par éblouir comme eux. Même nain, il faut viser la crête du cocotier et atteindre les substantifiques noix, au lieu de se contenter de l’ombre fraîche de son feuillage. Il faut voir grand, voir loin, viser grand, viser loin et se donner les moyens d’atteindre les grandeurs rêvées et les horizons inaccessibles.

C’est là aussi une leçon de vie que j’ai voulue modestement donner, en me projetant au milieu de ces Pantagruel des arts de la parole, au cœur de cette Dream Team, pour former un Cinq Majeur, le cinq des cinq organes de sens, le cinq des cinq doigts, inégaux, différents, mais toujours tous ensemble et tous importants. C’est le message de la fraternité, du dépassement et de la rentabilisation des inégalités et des clivages de toutes sortes. Ces géants m’ont accepté. Ils ont avec moi chanté l’hymne de ma poésie. C’est ainsi que les hommes, les communautés et les nations devraient s’accepter pour faire une terre de bon air. Et, nous, nous l’avons compris, dans la Patrie des Poètes ! Grand Frère poète Etty Macaire, nous l’avons compris, dans notre petite Patrie, n’est-ce pas ?

 

Votre poésie se veut-elle plus satirique que lyrique ?

 

Je sais que cette question a certainement titillé l’esprit de nos éditeurs ivoiriens, lorsque Dunes d’Or, tout juste tombé du ventre de ma réflexion sur la vie, se présenta à eux. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles Dunes d’Or a tardé à paraître au grand public. Achevé en 2009, Dunes d’Or sort le 1er octobre 2012 chez L’Harmattan. Ce serait aujourd’hui, Dunes d’Or connaîtrait peut-être les mêmes ennuis de route. Parce qu’il y a des gens qui croient faussement rendre un grand service au pouvoir à la mode, en empêchant les mécontents de s’exprimer librement.

Parce qu’avec Dunes d’Or on ne sait vraiment pas à qui et à quoi on a affaire, comme vous le dites, même si vous le soupçonnez. Parce que tantôt le lyrique fait un coup d’Etat au satirique, tantôt le satirique fait un coup foireux au lyrique. Et ce sont là deux inclinations de mon être qui critique impitoyablement et s’épanche généreusement. Et ce sont là deux franges de notre être qui font avancer notre vie, si nous savons vivre avec elles : la raison et le cœur. La raison qui calcule et se retient. Le cœur qui donne sans compter. Le cœur qui ne raisonne pas. La raison qui n’a pas de cœur. La raison qui critique même celui ou celle qu’elle aime. La raison qui hait les imperfections humaines et sociales. La raison qui fait la guerre à ces imperfections, parce que le cœur le lui commande.

Raison pour laquelle je ne comprends que nos pays en voie de sous-développement tout comme nos dirigeants africains à la gouvernance diablement défaillante se refusent à entendre la moindre vérité sincère qui les rendrait meilleurs. Allons-nous au médecin pour s’entendre dire que notre maladie se porte de mieux en mieux et que nous avons de quoi festoyer ? Non. Il nous fait une radiographie claire de notre état et prescrit le protocole médical à suivre pour avoir meilleure santé, dans les délais les plus brefs.

Cependant, ayant assurément un grand amour des maladies clouant nos pays et refusant le diagnostic de nos analyses ainsi que les médicaments de nos propositions, nos responsables passent le clair de leur temps à s’embaumer des encens de leurs encenseurs professionnels, lesquels exploitent judicieusement le penchant narcissique du pouvoir, moyennant des salaires garantissant la prospérité du métier de la flagornerie. Et, comme à cette allure les choses n’iront jamais mieux pour nous, pour la majorité et les minorités, je veux dire, nous avons décidé de les trouver, par le truchement de nos petits écrits, dans leur immense confort.

Nous agissons ainsi pour la paix de tous, pour la leur également, naturellement. Et non dans le dessein libertin et mesquin de les enquiquiner par un vain tintamarre. Nous avons été très chèrement instruits par nos Etats pour joindre notre pelle à l’édification d’une société juste, ambitieuse, développée sur le plan politique, social, moral, physique et ayant une puissance intellectuelle et industrielle. On ne devient pas intellectuel pour être le ramasseur de balle d’un homme qui fait n’importe quoi. Non !

Toutefois, l’intellectuel, ce n’est pas celui qui ne porte son avis acide et critique que sur les autres. Il se flanque lui-même des poings et des morsures, pour se ramener à la raison, quand il a quitté la maison de la raison. Je veux dire, tout simplement, qu’il doit jouer franc jeu avec lui-même. C’est ainsi qu’il gagnera le respect de tout le monde : des partis politiques ; des peuples et des gouvernants. Le purificateur doit être pur pour purifier les impurs de leurs impuretés. C’est là aussi un des messages  forts du poème Le repenti : la maladie devenue médecine pour guérir les malades et protéger ces pauvres gens contre les autres maladies.


 « Dunes d’or » n’a pas pu s’empêcher de s’intéresser a l’actualité récente de notre pays…

 

Il y a longtemps que je ne comprends pas étrangetés qui ont cours dans mon pays et sur le continent. Je vois des ex-opposants trahir leurs serments, une fois parvenus au pouvoir. Je vois des gens qui ne dirigent pas le pays, mais leurs régions, leurs clans, leurs partis. Je vois des gens obsédés par le pouvoir pour ne rien y faire. Je vois des gens attaquer leur pays pour améliorer sa condition. Je vois des gens s’allier aux voleurs de colons pour libérer leur pays. Je vois des dirigeants qui ne dirigent rien, qui improvisent et qui improvisent. On les voit beaucoup à la télé, mais il n’y a rien sur le terrain. Tous les dirigeants africains sont pareils. Ils se sortent de la pauvreté, sortent leur famille de la pauvreté, mais leurs pays ne sont toujours riches que de nom.

Et ils ne veulent même pas qu’on le murmure. Du moins, ils veulent qu’on le crie, quand ils sont pauvres opposants. Mais je n’ai pas une tête de maudit-oui-oui pour taire les souffrances ignobles faites à mon peuple qui, apparemment, semble cependant vouloir s’accrocher à ses bourreaux. Ma poésie est une fustigation de ces politiques gouvernementales qui n’ont aucune considération de l’homme. Pour venir au pouvoir, du sang ! Pour partir du pouvoir, du sang ! Regardons ensemble ce que nous avons fait de notre pays ! Regardons ensemble l’état pitoyable de ce continent mendiant et tirons les leçons honnêtes et normales que nous devrions en tirer. Quels beaux yeux nos politiciens ne nous font-ils pas pour avoir nos voix ? Et lorsqu’ils ont le pouvoir, ils nous servent un programme mathématique qui effraie même Pythagore. Elargissement de l’assiette fiscale, grossissement des recettes fiscales. Et s’ils déposaient carrément une grosse cuvette devant nos maisons et nos banques pour nous dépouiller directement ?

Et ils font tout cela, disent-ils, pour notre propre bien ? Ils pensent qu’il suffit de payer les salaires pour prouver qu’on est un bon dirigeant ! L’homme ne se résume pas au manger et au boire. Et il ne suffit pas de satisfaire les besoins naturels de l’homme. Et encore faut-il les satisfaire. Il faut tenir compte de sa sensibilité. Il faut arrêter d’agresser le peuple physiquement, moralement. Il y a longtemps que le peuple ivoirien et les peuples africains souffrent. Pour avoir de l’eau, il faut souffrir. Pour avoir à manger, il faut souffrir. Pour avoir un toit, il faut souffrir. Pour avoir des cahiers, il faut souffrir. Pour entrer dans un bureau, il faut se faire humilier. Pour payer sa facture, il faut se faire humilier. Pour rentrer chez soi, il faut se faire humilier par ceux qui assurent la sécurité. Pour se soigner, il faut souffrir. Et même pour être enterré, il faut souffrir encore ! Bon Dieu !

Je voudrais alors saluer ce brave peuple ivoirien qui, depuis la mort d’Houphouët, peine et peine et tient encore le coup. Mais mon peuple s’est malheureusement jeté dans un faux combat, celui de tuer, de tuer le frère, la sœur, le père, la mère, l’ami mû en ennemi. Je lui demande alors de se mettre sérieusement au travail et de ne compter que sur Dieu et sur lui-même. Il ne faut plus compter sur les hommes politiques, qui font commerce de nos désespoirs. Ils ne vont jamais nous nourrir, nos dirigeants. C’est nous qui les nourrissons toujours. Le train de vie insolent de l’Etat et les salaires pitoyables des travailleurs sont en effet une injure inqualifiable au peuple.

C’est d’ailleurs un peuple qui a plus compté sur Drogba que sur n’importe quel homme politique pour avoir un peu de bonheur. C’est pourquoi la chute de nos Eléphants à cette dernière CAN est un drame très mal digéré qui a tout l’air d’une trahison. Mais au-delà de tout, ils auraient gagné, si nous étions unis. Puisque la politique est désormais le football que jouent nos pachydermes. Qu’ils le veuillent ou non. Drogba le Bété, c’est le FPI ; Yaya le Malinké, c’est le RDR. La politique a tout fichu en l’air dans mon pays !

    

Aujourd’hui la poésie n’a pignon sur rue. Alors pourquoi écrivez-vous des poèmes et pour qui ?

 

Ce n’est pas parce que la désillusion des Eléphants est devenue une tradition qu’on devrait abandonner l’idée normale d’un sacre continental. Il faut nourrir son esprit et son corps de choses bonnes et normales, ce qui est signe d’un bien-être social et mental, d’une vie normale. Il faut faire les choses telles qu’elles devraient se faire, faire les choses normales. Et en ce qui concerne la pratique normale des arts de la parole, la poésie est tout ce qui peut s’y faire de sublime. Et j’adore la production poétique, esthétique, intellectuelle et athlétique parce qu’elle est un évaluatif de la vitalité d’une nation, du respect qu’on peut lui accorder. Il n’y a pas que le PIB ou le smic qui servent à jauger le développement d’une communauté humaine ! Alors, je ne pense pas que, pour des goûts dénaturés par une civilisation pressée du prêt-à-porter et par une industrie livresque ivre d’un esprit mercantile, il soit bon de rabaisser nos pays, en produisant des chiffons, après avoir reçu de leurs mains la crème de la formation. Donc, je voudrais une écriture qui soit à la hauteur des investissements du contribuable ivoirien dans ma vie.

Et c’est pourquoi, tout en hissant haut le niveau de ma production pour hisser haut le flambeau de ma patrie et de mon continent, j’ai tenu à avoir un langage accessible. Je n’ai pas seulement ouvert mon cœur à mon peuple, je lui ai aussi ouvert les portes de ma pensée par un message dans l’ensemble simple à percevoir. Et c’est une lecture qui procure du plaisir. Et c’est aussi là une des particularités de Dunes d’Or.

 

 Pourquoi devons-nous lire dunes d’or ?

 Les actes que nous posons, les investissements que nous faisons sont liés au sens que nous donnons à notre vie. Si nous pensons que nous ne nous réduisons pas simplement à un vil amas de poussière, nous  ferons tout pour donner à notre vie la couleur de l’or qui est sienne et qui lui convient. Et cette couleur, Dunes d’Or nous la donne. Quelqu’un pourrait cependant brandir toutes les moqueries usuelles des losers et des je-sais-tout et dire que peut bien apporter un minuscule livre de 100 pages à un sage qui a une expérience de 100 aventures, de 100 livres, de 100 ans. La réponse à cette moquerie, vous l’avez dans un petit magasin non fashion. Vous y passez par hasard et y entrez par curiosité. Vous y faites une découverte époustouflante : une chemise qui change votre vie. Non pas parce que cet assemblage de morceaux de tissus est le plus beau du monde, mais parce qu’il vous permet de vous présenter sous votre plus beau jour. Correspondant à votre idée de ce que devrait être une très bonne chemise, elle vous a magiquement mis en confiance, attiré sur vous tous les projecteurs de votre milieu qui vous ignorait jusque-là. C’est cela, Dunes d’Or.

"Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles." disait Sénèque. Et c’est le message premier de Dunes d’Or. De toutes les façons, avant qu’on ne fasse le choix de couronner les problèmes, les problèmes eux-mêmes ont déjà décidé de se faire rois. Et je ne crois pas que cette attitude attentiste qui est un véritable attentat contre sa propre réalisation soit bénéfique et logique. Lève-toi, prends tes rêves, porte-les sur ton dos, charge-les sur ta tête, mets-les sur tes épaules, dans les poches, dans le cœur, dans les poumons, dans les oreilles, dans l’âme, dans l’esprit, porte-les comme bottes, comme ceinture, comme manteau, comme chapeau, comme pantalon, comme gants. C’est sûr qu’ainsi tu iras loin. Car le rêveur est un vrai blindé. Rien ne lui dit rien.

C’est le mot de Dunes d’Or à qui n’en peut plus, à qui veut plus, à qui a la panse pensive, à qui pense à faire autre chose penser à sa panse et panser sa panse, à qui pense que la vie est plus que bourrer sa panse, que la vie veut qu’on pense au pensifs qui pullulent dans le monde et empestent l’existence de ces gens dont le centre d’intérêt est leur seule assiette. Ah ! Vous le reconnaissez ? C’est le politicien. Ce malin mesquin qui peut compter sur nous et sur qui nous ne pouvons compter. C’est maintenant qu’il faut se lever pour prendre son avenir entre ses propres mains. Le plus beau soleil ne se lève pas à l’Est, il se lève dans le regard, dans le cœur. Il ne faut pas attendre demain pour entamer les grands travaux de sa vie, car demain est né d’aujourd’hui. Pour qui veut que sa détresse lance un cri de détresse, Dunes d’Or est sa chose. Avec Dunes d’Or, l’espoir a une voix. Et cette voix est le rêve qui chante sans jamais se taire. Un rêve accompli est le début d’un nouveau rêve. Vive le rêve ! A nos Dunes d’Or !  

 

Interview réalisée par ETTY Macaire


In Le Nouveau Courrier du vendredi 22 février 2013



22/02/2013
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