LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Coup de Gueule/ Livres ivoiriens…attention à la chute

 

 

On ne le dira jamais assez, les livres aujourd’hui produits en Côte d’Ivoire sont pour la plupart d’une épouvantable médiocrité tant dans leurs contenus que dans leurs présentations. Et quand les critiques s’en mêlent, éditeurs et écrivains tombent dans une jacquerie absurde. C’est comme si dans la chaîne de production et de commercialisation d’un livre, le critique n’avait pas de place.


« Un critique, c’est le phraseur débile qui ne sait ni frire, ni écrire, ne sait juste que faire tomber le livre » déclarait un éditeur sénégalais au journaliste français Christophe Goffette comme un « coup de gueule » dans le n°411 du magazine FLUIDE GLACIAL. Comme quoi, un critique, ça n’a pas la même définition partout. Surtout en Afrique. Pourtant, l’agacement et l’inquiétude cavalent dangereusement la montagne.


En Côte d’Ivoire, 84 livres ont été publiés en 2012 dont 61 par les Editions Balafons. Du jamais vu ! C’est un record dans notre pays. Cependant, ces beaux chiffres cachent derrière leur voile un brouillard anthracite qui jouit du silence fait autour de lui. De nombreux livres sortis de maisons d’édition différentes sont des problèmes mâles. On retrouve des livres avec des feuilles comme des papiers hygiéniques, des écritures qui font mal aux yeux, des coquilles grotesques qui embrassent l’esprit et font mal à la mémoire. Après la lecture de certains livres, on a tout simplement envie d’aller vomir pour exorciser l’esprit et la mémoire. Les nouvelles plumes n’ont pas de plume. Ces écrivains n’ont pour la grande majorité pas le maniement de la langue et sont sans style.


 Le pire, ce sont les couvertures, premier indice d’attraction d’un livre, noyées pourtant dans des séries de bandes dessinées médiocres, souvent ridicules – des dessins faits dans l’empressement où les images sont mal harmonisées et surtout, ne communiquent pas la réalité du contenu de l’ouvrage. Fort est de constater que depuis deux ans aujourd’hui, ces dessins sont devenus l’apanage de nombreux éditeurs ivoiriens. Manque de créativité ? Bien sûr. Mais aussi de sérieux. Plus encore, ces maisons « privées » n’engagent pas véritablement de professionnels. Aucune maison d’édition ivoirienne n’emploie de critique. Et gare au pauvre critique qui osera balayer du revers de sa plume tout le « brillant » travail abattu ! Au point où aujourd’hui, avoir un journaliste pour la couverture d’une dédicace dénote de colossaux moyens et de grandes relations. En ce moment, le journaliste payé pour l’occasion fait juste une présentation commerciale du livre. Quelle catastrophe !!! Et dire qu’on veut faire du livre le « football de la culture » ! Des histoires de famille à l’édition, des affinités mal conçues à l’édition, le trouble se fait grand. Et la littérature ivoirienne perd, et en valeur, et en originalité. Vivement que la conscience collective se lève et se dresse contre ces « vendeurs de pains » et ces « écri-vents »


Manchini Defala


In Le Nouveau Courrier du 03 mars 2013



03/03/2013
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