LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Coup de gueule/ La littérature enfantine : le drap blanc !

Combien de fois n’avons-nous pas rêvé, enfants, de vivre, libres comme des romanichels ? Combien de fois n’avons-nous pas vu ces flashs de sable noir au cours de nos balades littéraires, où les animaux parlaient, les jouets s’animaient, des enfants avaient des pouvoirs ? Combien de fois n’avons-nous pas dessiné dans nos cahiers des avenues secrètes, des montagnes d’ailleurs, où nous voulions aller ?

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Et bien oui, cet univers de l’enfant peuplé de personnages imaginaires, doubles de lui-même, nous a tous entraînés dans ce monde merveilleux, fait voyager par des chemins semés d’obstacles que le héros a franchi au péril de sa vie, triomphant d’un destin funeste et devenant ainsi un homme. Et ce secret a toujours reposé sur une alchimie subtile. Celle qui nous a tous laissé croire que Tintin, Robinson, Tom Sawyer ou encore Alice, c’était nous. Oui, on se voyait vivre l’exil sur des espaces blancs même quand nos paysages étaient argiles et forêts. Et même plus tard, quand nous apprenions nos premières cordes intellectuelles, rien ne changeait : ces personnages à rêver se réveillaient ! Sages ou fous, solitaires et abandonnés ou intrépides sans concession, désireux de détruire ou poètes de l’univers rêvé, héros martyrs ou libertaires sans pension,  oui ,la fresque de ces personnages toujours nous passionne. Et encore. Et encore. Et ces pépites aux mille couleurs enjambent les époques, les générations, sans mettre le doigt dans la grenade.

 

Cependant, il est difficile de ne pas s’interroger sur le drap blanc qui couvre cette littérature pour enfants. Avec tous les attributs qu’on pourrait lui donner (littérature pour enfants, littérature enfantine, littérature infantile, littérature jeunesse), la littérature pour enfants continue de prendre un verre de vin sur nos tropiques. Considérée comme un galet précieux destiné à la classe bourgeoise, elle n’intéresse que les parents du plus haut statut. Ce sont eux, une fois en passant, pour faire comme le demande leur statut, ben…qui garent leurs voitures devant une librairie ou un supermarché, s’engouffrent dans le local avec un gros sourire et en ressortent avec un livre sous le regard médusé des passants. Et bien oui, cela se passe comme cela. Ces livres sont-ils trop chers ? Ou est-ce parce qu’ils n’intéressent pas grand monde ? Question coincée ? Parce qu’à part le manuel scolaire imposé par une Tutelle qui innove difficilement, quel autre livre lisent les enfants avant le collège ?

Ce n’est pas méchant de dire aisément : « aucun ! » Pourtant, si la littérature joue un rôle important dans notre société, cela paraît encore de manière plus marquée chez l’enfant. Car chez lui, beaucoup d’éléments participent à la construction de son individualité. Comme nous le savons, chaque enfant est l’artisan de demain de l’évolution de notre société. Qui dit évolution l’espère positive. L’adulte citoyen d’aujourd’hui et/ou de demain est le résultat premier que ce qu’enfant, il a assimilé et construit comme valeurs, comme références.

 

De surcroît, il faut aller compter le nombre de livres pour enfants produits en Côte d’Ivoire : la comptabilité est négative ! Mais nous n’allons pas que critiquer. Parce qu’il faut aller bouder le complexe et la torture. Les œuvres littéraires pour enfants doivent être insérées dans le programme scolaire. Des journées du livre pour enfants doivent suivre, et des moments de lecture doivent couronner toutes les émissions pour enfants. Et les écrivains dans cette tendance doivent être invités dans les écoles pour parler du bienfait de cette littérature à ceux à qui elle est destinée. 

 

Manchini Defela

Ecrivain-critique littéraire

in Le nouveau courrier du 25 octobre 2013

  



26/10/2013
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