LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Coup de gueule/ La foire des contentieux

Mille pages, mille raisons ! Et c’est reparti, il va falloir encore s’accrocher au désordre. Et cela pendant combien de temps ? Qu’en savons-nous ? La Côte d’Ivoire à l’aube de l’explosion littéraire ? Non ! Nous en sommes encore très loin. Le nouveau cirque débarquera plus tard, très tard, quelque part un jour dans les rues de la capitale. Et on espère qu’une sacrée aventure commencera pour les parents du Livre avec beaucoup de rêves et de découvertes dans cette cour des miracles.


Oui, depuis des années, la littérature dans notre pays, avec ses penseurs et ses critiques, est un spectacle magistralement ignoré par la population, la télévision, les médias en général. Cinquante moments qui, pour quelques secondes, pourraient entrer dans la légende, hélas ! Cinquante coups de littérature tracés sans images, sans aval ni soutien, avec la seule force des écrivains, curieusement. Mis à part les discours politiques du ministère de tutelle, tout a l’air d’épreuves fatidiques ! Et alors, jaillit le manque d’organisation que personne n’ait pu imaginer. Un coup de folie, un coup de sort, un coup dur vient plomber ou transcender la – presque - bonne organisation qui au départ, initiée par les premiers il y a 28 ans, avait l’air de bien fonctionner : l’harmonisation des dédicaces d’auteurs.

D’abord un fait aujourd’hui frappant pointe tout de suite l’attention de tous. Eh bien oui ! Ce sont ces éditeurs qui prônent le « bon débarras » comme on prêche la mort du diable ! Et puis un jour, ensemble avec les libraires, ils se félicitent benoîtement le succès d’une œuvre qu’ils croient avoir porté à la bouche des lecteurs ! Ridicule ! Dommage ! Quand on y pense, cela fait mal, même trop, de voir son œuvre produite après mille six cents nuits, arrachée merveilleusement par un éditeur (enfin c’est ce qu’on aurait cru), et la voir trainée dans un rayon glacé de la librairie lambda, sans publicité, sans promotion, avec à la clé, un résultat tordu et pathétique vue la qualité du papier de l’œuvre. L’écrivain alors, conscient de cette triste réalité, devient seul promoteur de son ouvrage. Et même, il va jusqu’à être son propre attaché de presse, son seul mécène, puisque la chose littéraire n’intéresse personne. Tout devient alors pour lui un poids. Même l’AECI (Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire) ne peut l’aider, freinée dans son élan car association à but non lucratif dont les membres – il faut le dire au passage – ne payent pas leurs cotisations. Ledit écrivain lui-même fait partie de la masse récalcitrante.

Bref, le pauvre esseulé, s’arrange alors avec des efforts, couleur de dix étoiles, à faire une dédicace à laquelle rarement l’éditeur se plie ou presque, et cela, en fin de parcours, où enfin l’inachevé se lit sur son impersonnel visage. Bien sûr une pauvre dédicace à laquelle même plus de deux écrivains ne peuvent participer pour la simple raison que, quelque part de l’autre côté du quartier des grandes carrières et de la goutte d’or, un autre (ou même plusieurs), parce que beaucoup plus lu et/ou vendu (c’est selon l’angle), qui s’est lui aussi parfois battu comme un fauve pour avoir une date et une heure de dédicace, fait des photos pour bleuir son existence. Tout se fait alors par affinité. Ou simplement par intérêt. Logique, non ? Manque d’organisation ? Bien sûr. La faute à qui ? Question idiote ? Elle reste là brillante sur nos lèvres.
On aimerait tous aller à la dédicace et à la découverte de tout romancier anonyme, poète vengeur, dramaturge amoureux, conteur combattant, nouvelliste silencieux, critique misanthrope. Oui, cela fait toujours du bien. Découvrir est la plus belle façon de croire que nous vivons. On aimerait alors arpenter le temps et aller à la découverte de tous ces auteurs, assister volontiers à toutes les dédicaces, les couvrir - sans forcer l’écrivain à tirer de sa poche des grains de maïs. Mais rien de tout cela n’est possible sans une organisation véritable autour du Livre, par ses seuls parents.

Il serait tellement beau que la part d’ombre ne soit rien en comparaison avec la part lumineuse, qu’aucune vérité ne soit tue, aucun exploit ne soit caché, aucun sentiment ne soit inavouable. Que personne ne garde, enfouie au plus profond de lui, sa gloire secrète. Vive la communion pour que vive le Livre !!!

Manchini Defela

In Le Nouveau Courrier du 12 juillet 2013



13/07/2013
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