Rencontre avec Shannen Rimphrey (écrivaine):
« Les hommes sont de gros bébés qui ont besoin d’attention »
Une génération de jeunes écrivains ivoiriens se bat pour se frayer un chemin dans la forêt des lettres ivoiriennes. Parmi eux: Shannen Rimprey auteur du roman Par Amour paru chez les Editions Balafons. A nos questions pour évoquer sa création, elle nous répond avec une aisance qui plait…
Et si vous devez vous dévoiler à nos lecteurs, que direz-vous ?
Il y’a certainement tant de mal, pour une personne, à se dévoiler que je ne saurais par quoi commencer. Je suis Shannen Rimphrey, auteur de Par amour.
Parlant de « Par Amour », quelles sont les impressions que vous tirez des séances de dédicace auxquelles vous participez depuis sa publication ?
Vous savez, pour un auteur, les dédicaces sont toujours des instants privilégiés. Certainement les lecteurs pensent qu’ils sont gâtés en ayant face à eux l’auteur mais l’auteur est aussi grand bénéficiaire. Il a l’occasion de parler à ses lecteurs, qui au fond sont les juges de son œuvre. C’est toujours intéressant et fascinant d’entendre les gens vous dire : « mais pourquoi Danielle a fait ci ? » ou « Pourquoi Trischa n’a pas fait ça ? ». On en arrive soi-même à se poser des questions et à revoir certaines choses.
Mon avis est que votre histoire accroche et plait. Alors dites moi comment vous est venue l’idée d’écrire ce roman ?
L’idée de cette œuvre m’est venue lorsque j’ai commencé à me poser des questions sur les différents couples qui m’entouraient et les difficultés qu’ils traversaient. J’ai surtout essayé de comprendre les raisons qui pouvaient pousser des hommes, qui bien qu’aimant leurs épouses, à être infidèles.
Entre Trischa et Christopher, c’est l’époux qui très tôt entretient des relations extraconjugales, mais c’est l’épouse, qui s’efforce à recoller les morceaux. C’est quand même surprenant. Qu’avez-vous voulu nous dire ?
Vous savez, quoi qu’on dise, la femme est toujours le socle de la famille. Elle est également le ciment du couple. Les hommes sont dérangés par peu de choses, contrairement aux femmes. Ce qu’a fait Trischa n’est pas singulier. C’est toujours l’attitude de la femme qui sauve ou fait péricliter définitivement le couple quand il est au bord de la faillite. Soit elle abandonne tout et son foyer se détruit, soit elle prend les choses en main pour reconquérir un homme qui se perd juste un peu. Et c’est ce qu’a fait Trischa… comme le feraient d’ailleurs la majorité des femmes. C’est notre qualité à nous autres femmes (rires)
Est-ce à dire que rester coquette est un devoir pour la femme mariée ?
Une femme mariée doit pouvoir toujours plaire à son mari. Je ne dis pas de passer à l’artificiel mais, les hommes aiment généralement se retrouver devant un visage agréable et avenant. C’est à la femme de lui apporter cela avant qu’il aille le chercher ailleurs !
Trischa présente l’image d’une femme parfaite. Elle est totalement dévouée à son mari. Elle lave même ses pieds. N’êtes vous pas trop éloignée de l’image de la femme d’aujourd’hui ?
(Rire) peut-être que oui. Mais j’ai juste voulu montrer à travers cette amplification, que la femme doit bichonner son homme. Car quoi qu’on le veuille, les hommes, les maris, demeurent de grands et gros bébés qui ont besoin d’attention.
Mais Shannen, dites‑moi : Pourquoi avez-vous laissé Trischa si parfaite commettre l’adultère ?
Simplement parce que Trischa est une femme, comme toute autre. Elle est faite de chair et de sang comme vous et moi, elle peut donc commettre des erreurs. Si elle n’avait pas fait cette erreur, elle ne serait certainement pas une femme à part entière, au sens d’être humain.
Le voyage de Trischa à Londres nous donne l’occasion de découvrir de très belles pages sur la ville britannique. Est-ce le résultat d’une bonne documentation ou de vos expériences personnelles ?
Descartes disait que la lecture d’excellents livres valait tous les voyages. Londres est une ville merveilleuse que j’ai découverte dans mes lectures, les documentaires à la télévision etc.
Sandra la maîtresse frustrée va jusqu’à demander à son féticheur la mort de Trischa. C’est quand même trop fort, presque surréaliste Shannen ?
M. Etty Macaire, ne me dites pas que vous ignorez jusqu’où peut aller une femme ! (rires) Alfred De Musset, le poète, a bien dit qu’une femme pardonne tout excepté qu’on ne veuille pas d’elle. Elle peut tuer pour cela et la femme a justement cette force que cache sa faiblesse apparente, ce que Hugo définit quand il dit qu’elle se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse. Sandra est frustrée, elle est violée, bafouée. C’est insupportable… Il y’a bien le crime passionnel !
Comment expliquez-vous cette tendance des femmes à recourir au mysticisme pour réduire un homme en un esclave ?
Qu’on le cautionne ou pas, l’amour explique tout. A Vérone, Romeo Montaigu n’a t-il pas demandé le poison le plus féroce pour mourir aux pieds de Juliette ? La belle Capulet ne s’est-elle pas tiré une balle dans la tête sur la dépouille de cet homme ? Quelqu’un disait bien que par amour, beaucoup de belles choses se font, des folies aussi.
Dans les deux couples de votre roman, les problèmes commencent toujours par la faute de l’époux. Quel est le fond de votre pensée ?
Je voulais juste montrer une vision de ma réponse qui est : les hommes sont à la base des problèmes de couple parce qu’ils sont des éternels insatisfaits. Mais ce n’est pas qu’eux qui sont à remettre en cause.
Le titre du roman « Par Amour » est vraiment approprié. Il va bien autant pour Trischa que Sandra. Alors, et si vous nous en disiez un mot ?
Le titre PAR AMOUR me semble parfait pour l’œuvre parce que dans l’œuvre je montre différentes actions menées par amour :
-Trischa qui reste avec son mari par amour pour lui
-Trischa qui reste dans son foyer par amour pour son enfant
-Trischa qui refuse de se lancer dans le mysticisme par amour pour Dieu
-Sandra qui utilise les fétiches par amour pour le pouvoir
-Sandra qui pactise avec les ténèbres par amour pour elle-même
-Danielle qui quitte son mari par amour pour ses enfants…
Il y a tellement de preuves d’amour dans cette œuvre que je ne peux pas tout citer !
C’est vrai…Vous avez l’imagination fertile. Depuis quand vous écrivez ?
J’écris depuis la classe de cinquième. (rires)
Bravo ! Et quels sont projets littéraires ?
Pour le moment, je suis sur quelques projets littéraires et je me suis lancée dans l’écriture de mon deuxième roman qui j’espère sera aussi apprécié.
Interview réalisée
Par ETTY Macaire
in Le Nouveau Courrier d'Abidjan du vingt sept juillet 2012
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