LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

« Même au paradis on pleure quelque fois » de Maurice Bandama : Une satire de la folie des grandeurs

Maurice Bandama, dans ses créations littéraires, expose souvent un monde en non seulement en rupture avec la réalité et mais aussi moralement en décadence.  Il nous transporte encore une fois dans un tourbillon de conscience humaine  prostituée par les attraits les plus sordides de cette terre. C’est avec une perspicacité légendaire qu’il nous offre ce joyau littéraire intitulé  "Même au paradis on pleure quelquefois".

Ce titre énigmatique ne peut que susciter des interrogations : n’y a-t-il pas contradiction dans sa formulation ?  Car comment peut-on pleurer au paradis ? Le paradis réputé être un lieu de joie, de bonheur  et de paix, peut-il engendrer larmes ? L’adverbe « même » vient confirmer l’idée qu’il ne s’agit point de larmes de joie mais celles qu’arrache la douleur.

 

Ce roman paru aux éditions Nei  en 2001, est un glas qui parle plus fort que la folie des grandeurs et l’insatiabilité des hommes. Notre auteur nous y interpelle sur le malheur qu’il y a à laisser l’argent être maître de soi-même.  Et Marc N’Dibilai, le personnage principal de l’œuvre, en est le témoignage vivant. Trainé devant le tribunal de la pauvreté, de l’humiliation et de la déchéance il s’était juré, par tous les dieux, de se faire respecter de tous en devenant puissant, voire très très très puissant. Peu importe les moyens, l’essentiel pour lui était d’arriver au sommet.  Qu’importe qu’il y ait du sang et des larmes sur son chemin, Marc N’Diblai devait réaliser son rêve furieux. Le danger en matière d’argent est qu’on n’en veut toujours plus et plus. Mais au risque de quoi et au prix de quelles sacrifices ?

 

On comprend déjà par cette fougue du personnage, l’enseignement que notre écrivain s’évertue à nous donner. Il nous invite à savoir appréhender les critiques et les moqueries, pour mieux orienter nos défis et atteindre nos objectifs pour le bonheur de tous. Mais notre antihéros semble n’avoir pas perçu cet enseignement. Encouragé dans sa mégalomanie par une épouse obnubilée par tout ce qui brille, il ne pouvait que s’égarer davantage.

 

Ne dit-on pas qui s’assemble se ressemble ? Partagé entre orgueil, trahison, mesquinerie, mensonge, infidélité, cupidité, escroquerie et biens d’autres vilaines choses, ce foyer  à la puanteur de la vanité,  entraîne dans son cortège de leurre d’innocentes âmes  et des cœurs qui dégustent à peine la douce saveur de l’amour.

 

Dans un univers où la puissance financière, quelque soit son origine, est l’unité de mesure de l’estime, comment peut-on reconnaître la véritable valeur de son semblable ? On découvre dans cette  œuvre les réalités  d’une société bourgeoise trempée dans du faux ! Les hommes et femmes parés dans de beaux costumes, de belles robes couronnées d’anneau de diamant et d’or, si plaisants à l’apparence, sont tristement vides à l’intérieur. Ils polluent la ville de leur méchanceté destructrice .

 

« Mais faites-nous un passage, par pitié ! cria encore le médecin. oh qu’ils sont inconscients et sans cœur… des larmes lui noyèrent les yeux quand il entendit le couple râler et expirer à l’unisson » ; cet extrait de la page148  et 149 témoigne du comble de la deshumanisation de ces hommes auréolés du titre de milliardaires. Mais au milieu de ce monde désarticulé, des âmes battent plus forts que la richesse, celle de la jeune Nzarama ! Cette jeune fille qui n’avait pas à fournir d’effort pour atteindre ses objectifs, tournera délibérément le dos à cette  vie de misère. Après la honteuse fin de son père à qui elle en voulait terriblement,  et en dépit de tout ce qu’elle avait vécu dans le château de ses parents, elle s’est résignée à choisir la sobriété pour éviter l’aliénation et aider ceux qui en ont vraiment besoin. Vouloir l’argent au détriment de la personne humaine est synonyme de perdition. N’zarama l’a si bien compris qu’elle a privilégié la personne humaine au détriment de l’argent. Une façon de dire qu’elle ne veut pas d’une fin comme celle de ses parents.

 

 Maurice Bandama, encore une fois, nous « renverse » par l’histoire palpitante de la famille  N’dibilai. La trame narrative de ce roman est si perçante  de sagesse et d’introspection, qu’elle somme les humains à plus de maturité dans leur quête du bonheur. Tel un sage digne de l’Afrique noire,  ce ministre-écrivain invite implicitement la gente féminine africaine à rester le plus naturellement possible belle. Tant physiquement que moralement.

La visibilité linguistique de cette œuvre n’est pas toujours facile d’accès par moment. L’auteur avec des termes souvent trop techniques du monde des affaires nous égare un peu dans son récit.  Des expressions comme « traveller’s chèques » à la page 68, « modalités pratiques » page 85 « ph.D en pétrochimie » page 235  pour ne citer que ceux là, nous perdent souvent entre deux ou trois phrases. Heureusement que très vite, nous sommes rattrapés par cette  histoire si particulière et pleine d’émotions.

De même l’auteur, nous confond sur le statut final de Goura, le banquier  véreux devenu (oui ou non) homme de Dieu. Nous restons perplexe quand à sa conversion, car l’auteur nous abandonne sur notre curiosité qu’il avait l’air de combler.

 

Au delà de ces réserves, cette œuvre mérite d’être lue de tous. Il s’agit d’une évangélisation  sur la Vie,  l’Amour, le vrai, Dieu…  Elle ne laisse personne indifférente, et ne doit passer inaperçue ! plus qu’un roman c’est un « autre livre révélé ».

 

Atte Sostene

 

Maurice Bandama, Même au paradis, on pleure quelques fois, Roman, Nei , 2001

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20/02/2014
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