LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

Côte d’ivoire : le crépuscule d’une démocratie orpheline Roger Gballou avait annoncé la mort de la démocratie ivoirienne

 

Paru chez L’Harmattan en 2011, Côte d’ivoire : Le crépuscule d’une Démocratie Orpheline est un essai politique de 274 pages. Ce livre écrit par Roger Gballou se veut un éclairage sur les différents épisodes de la crise ivoirienne.

 

 

L’auteur s’efforce à travers une démarche pédagogique d’expliquer les causes de la crise et les contradictions qui ont participé à ralentir son dénouement. A la fin de l’ouvrage, après que Laurent Gbagbo a prêté serment comme nouveau président élu, il annonce à mots couverts des lendemains qui déchantent pour la démocratie ivoirienne.

Cet essai politique est constitué en majorité par différents articles écrits par l’auteur à des périodes différentes de la crise. Cependant, il est plus qu’une simple compile d’articles souvent anachroniques, il est un outil d’approche dans la compréhension des points focaux qui ont émaillé cette période de déchirure et de turbulence. Il s’agit d’un livre‑témoignage.

Dans la quête des origines de cette déflagration, Roger Gballou accuse, avec les preuves à l’appui, la France qui s’est engagée, dès l’accession de Laurent Gbagbo à la magistrature suprême, à vouloir le dégommer pour imposer un chef d’Etat de son choix à la tête de la nation ivoirienne. Sur un ton satirique, il nous éclaire sur les différents pièges des différents accords signés par les protagonistes, notamment les accords de Marcoussis, qui sont en réalité une stratégie pour parachever cette fois ci de façon subtile le coup d’Etat contre Laurent Gbagbo. Mais il va plus loin. En présentant sans complaisance le déficit démocratique en Côte d’Ivoire, les dérives de la presse, l’instrumentalisation des syndicats et la cupidité des partis politiques comme des facteurs aggravants de la rupture du contrat social en Côte d’Ivoire. Pour lui, les différents gouvernements des partis politiques constitués dans le souci de résoudre la crise ont, au contraire, été non seulement des obstacles à la mise an œuvre des solutions de sortie de crise mais aussi au déploiement du programme de gouvernement du FPI. Il bat en brèche les thèses selon lesquelles la population du Nord a été exclue des postes de responsabilité en Côte d’Ivoire. En annexe de l’ouvrage, il propose un tableau qui permet de découvrir la représentativité de cette population dans tous les gouvernements ivoiriens du temps de Houphouët-Boigny jusqu’au temps de Laurent Gbagbo.

Cependant, avec une lucidité incroyable, il relève la responsabilité du FPI qui, à l’épreuve de la crise, s’est éloignée de ses fondamentaux. Lequel acte a favorisé l’émergence de comportements négatifs totalement en déphasage avec la bonne gouvernance.

En parcourant le livre, on se rend compte que Roger Gballou transcende les prises de positions partisanes pour offrir un éclairage honnête sur la crise ivoirienne.

Le livre de Gballou, contrairement à d’autres, a le mérite de faire des propositions sur chacun des problèmes qui ont crée des soubresauts en Côte d’Ivoire.

Il s’achève au moment où Laurent Ggagbo est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle et que son principal adversaire d’alors et ses soutiens œuvrent pour le déloger du palais. Le dernier chapitre de l’ouvrage exprime les inquiétudes de l’auteur qui pressentait déjà des lendemains calamiteux pour la CI. L’interrogation rhétorique « Faut‑il croire à un lendemain paisible en Côte d’Ivoire ? » (p265) est grosse du pessimisme qui anime Roger Gballou car sans vraiment l’affirmer, il prédisait en filigrane la guerre qui va emporter Laurent Gbagbo.

Ex‑militant de la jeunesse du Front Populaire Ivoirien Roger Gballou nous offre dans ce livre une lecture plus fouillée et plus précise de la crise ivoirienne. Le livre est subdivisé en 25 chapitres, eux-mêmes  scindés en 3 à 4 sous‑chapitres. Nous notons ici un souci d’équilibre et de simplicité qui contribue à mieux appréhender le raisonnement de l’auteur. La langue de Gballou est simple et accessible, ce qui est la preuve de sa volonté de se faire comprendre. Les nombreuses interrogations dans les titres corroborent la démarche hautement pédagogique de l’essayiste. Préfacé par Ahoua Don Mello, Côte d’Ivoire : Le Crépuscule d’Une Démocratie Orpheline se veut un ouvrage à la fois satirique et didactique. Il vient pour enrichir la documentation qui se constitue, au fil des années, à chaque publication, sur la crise ivoirienne.

 

ETTY Macaire


 

Côte d’ivoire : Le crépuscule d’une Démocratie Orpheline, 2011, L’Harmattan, 274 pages



03/03/2012
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