LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE

LES FONCTIONS DU POETE

S'interroger sur les fonctions du poète revient également à s'interroger sur celles de la poésie. Le rôle du poète a pu varier selon les époques (varie en fonction de l'évolution historique et sociale, contexte politique problématique ou non par ex), selon son statut (poète de cour au service d'un prince par ex), mais il demeure toujours celui qui use du langage comme d'un outil, d'une arme ou d'un laboratoire (poésie comme champ d'exploration du langage) et qui accorde la priorité à la force des mots.

I - Les grandes voies de la poésie :

La poésie, généralement associée à la lyre, accorde une place prépondérante à la dimension esthétique du langage et à sa musicalité. Souvent conçue comme l'art de faire des vers, elle a vu ses formes varier jusqu'au poème en prose ou encore le calligramme.

v  Poésie lyrique : vise à l'expression des sentiments (souvent sentiments personnels du poète qui peuvent cependant prétendre à une universalité). Le poète est alors concentré sur son ressenti (voir Du Bellay, et Musset ; cette poésie correspond parfois à l'image du poète « exilé », reclus dans sa tour d'ivoire). Les grands thèmes : la mort, l'amour, le temps, le voyage

v  Poésie engagée : associe travail sur le langage, la musicalité et l'harmonie à une dénonciation, une accusation. Le poète, au cœur de son temps, peut ainsi user d'une parole médiatrice pour dénoncer des travers et chercher à faire évoluer l'humain, à transformer le monde. (voir Eluard, Prévert, Paz, Celaya mais aussi Hugo ou Godel).

v  Poésie centrée sur elle-même et sur le Beau. Perspective de « L'art pour l'art » rencontrée chez les Parnassiens (Gautier, Banville). La poésie se voit alors coupée de toute idée d'utilité.

v  Poésie didactique : la poésie peut se mettre au service de la pensée et chercher à véhiculer les acquis de savoir (on rencontre cette poésie au XVIII° notamment).

v  Poésie ludique : se concentre sur la fonction poétique du langage, cherche à explorer les jeux de langage. Cette poésie est souvent laboratoire du langage avec lequel elle s'amuse. (voir notamment certains poèmes de Prévert mais aussi de Michaux).

Il reste évident qu'un même texte peut conjuguer plusieurs visées.


II - Les fonctions du poète :

De Platon aux sociétés africaines, les poètes ont souvent mauvaise réputation et suscitent la méfiance. Platon voulait d'ailleurs les bannir de sa société idéale. On disqualifie souvent l'activité poétique et le poète se voit écarté de la sphère sociale.

On a longtemps pensé que le propre et la grandeur du poète était de se détourner de l'utilité immédiate et de refuser l'engagement social. C'est ainsi que les Parnassiens, théoriciens de l'art pour l'art, ont affirmé que l'œuvre d'art doit se suffire à elle-même. Le poète, technicien de la beauté vise la perfection d'une forme difficile, vaincue par son travail d'artisan des mots et du langage (on peut parler de religion de l'art). Mais c'est sans doute oublier que l'art est aussi un phénomène social !

v  Poète messager divin : selon la tradition, le poète est l'héritier d'Orphée (médiateur du sacré et voyant privilégie). Prêtre d'Apollon, inspiré par les Muses, au chant de sa lyre il sait ravir les esprits, les apaiser. Grâce à son pouvoir de divination il peut déchiffrer l'invisible et accéder à l'univers des idées. On retrouve des traces de cette conception chez les Poètes de La Pléiade et chez les Romantiques, à ceci près que ces derniers font de ce poète mage un guide pour les peuples. On la retrouve également chez Baudelaire et chez Rimbaud, mais ce dernier associe également le poète à Prométhée, celui est puni pour avoir tenté de rivaliser avec les dieux et de leur « voler le feu ». Ce statut particulier et privilégié a parfois conduit le poète à se sentir en marge, exclu de la société, incompris, maudit (c'est à Verlaine qu'on doit l'expression poète maudit). Chez des poètes comme Rimbaud, Verlaine, Laforgue ou Mallarmé, l'écriture poétique témoigne en outre de leurs refus, déceptions et révoltes personnelles. 

v  Le poète engagé : l'engagement est ce qui différencie la position d'Hugo de celle de La Pléiade. Le mage, pour lui, doit être un guide (mais Ronsard a su faire preuve d'engagement dans ses poèmes consacrés aux guerres de religion). La poésie se fait alors arme et accuse. Elle peut se présenter aussi comme une satire ou une parodie. 

v  Le poète interprète de la vie et des sentiments humains : lorsque le poète lyrique exprime ses propres sentiments, il évoque des émotions susceptibles d'être vécues par tous. Il traduit ce que chacun a pu, peut ou pourra vivre et ressentir.

 
SOURCE: http://sabariscon.e-monsite.com/


30/09/2011
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